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 d’ADHEOS

Maël, un étudiant trans de 26 ans, a été frappé et insulté pour la troisième fois en un an sur le parking de l’université de Besançon. Il a accepté de témoigner pour TÊTU. 
 
« Dès qu’il fait nuit ou que je me balade tout seul dans un couloir, j’ai des crises d’angoisse. » Maël est encore très choqué par ce qui lui est arrivé. Le 24 octobre dernier, cet étudiant trans de 26 ans a été violemment agressé sur le parking de son université, à Besançon. C’est la troisième fois en un an. Selon SOS Homophobie, les actes transphobes seraient en constante augmentation, puisque l’association constate, dans son rapport annuel, une augmentation de 54% entre 2017 et 2018. 
 
« Il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait »
 
Dans une interview accordée à France 3 Bourgogne Franche-Comté, le jeune homme avait assuré que l’élément déclencheur de ces agressions était le « coming-out forcé » d’un de ses professeurs l’an dernier, pendant un cours. « Il n’arrêtait pas d’interpeller une ‘mademoiselle’, qui ne lui répondait pas, détaille Maël. Au bout d’un moment, je lève la tête et je vois que c’est moi qu’il regarde ». Ce dernier finit par le corriger et lui demande de l’appeler « Monsieur ».
 
Auprès de TÊTU, Maël assure que cet enseignant « se ne rendait pas compte de ce qu’il faisait ». Face à ce type de situation, il plaide pour une meilleure sensibilisation et plus de visibilité sur les sujets liés à la transidentité. « C’est absent des médias, des films… Personnellement, j’ai découvert ma transidentité sur Twitter, en même temps que j’ai découvert que ça existait. »
 
« Personne ne m’a posé de question déplacée »
 
Le jeune homme, étudiant en deuxième année de biologie-physique, nous explique avoir débuté sa transition il y a environ un an et demi, juste avant d’entrer à la fac. « J’ai peur de la transphobie mais c’est très interiorisé, confie-t-il. Par exemple lorsque je vais aux toilettes, je me demande si on ne va pas me refouler ». Mais mis à part ça, et les agressions dont il a été victime « de la part d’un petit groupe », il dit ne pas avoir subi « de grosses marques de transphobie » depuis son entrée à l’université.
 
« Quand j’ai dit à mon groupe de TD (travaux dirigés) que ça serait cool de m’appeler Maël et de me genrer au masculin, ça n’a posé aucun problème. Personne ne m’a posé de question déplacée. Les enseignants n’ont rien dit non plus quand je changeais moi-même mon nom sur les listes d’appel. »
 
« Je m’arrange pour ne jamais être seul »
 
Reste que les trois agressions dont il a été victime laissent des traces psychologiques importantes. « J’ai pensé à changer d’université, nous confie le jeune homme. Je pense que je l’aurais fait si je n’avais pas un suivi médical assez lourd ici (à Besançon, NDLR). Je ne peux pas m’éloigner de mes médecins et je suis bloqué dans la région.
 
Il raconte aussi la peur de se retrouver seul dans les couloirs de l’université ou de devoir retourner seul à sa voiture, une fois la nuit tombée. « Je me pose constamment la question ‘est-ce que ça va se reproduire ?’. Alors je m’arrange pour ne jamais être seul. »
 
Mais Maël veut se concentrer sur le positif et rappelle qu’il a reçu énormément de soutien de la part des enseignant et des élèves. « J’ai même reçu un message d’un garçon, membre d’une association étudiante LGBT, pour me dire qu’on était dans le même groupe de TD et que je n’étais pas tout seul. Je ne savais même pas qu’il était dans ma classe (rires). »