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 d’ADHEOS

Le discours du président de la République devant la Conférence des évêques n’a décidément laissé personne indifférent.
Emmanuel Macron a décidément poussé très loin le principe de disruption. Vivement critiqué à gauche pour avoir déclaré ce lundi 9 avril vouloir "réparer" le lien entre l’Eglise et l’Etat qui "s’est abîmé", sortie assimilée à une "atteinte grave à la laïcité", le président de la République a également choqué de nombreux défenseurs de l’égalité des droits en évoquant une Eglise catholique qui "accompagne" les familles homoparentales.
 
"J’entends la place essentielle que vous donnez dans notre société à la famille, aux familles oserais-je dire. […] J’entends les recommandations que formulent les instances catholiques", a-t-il déclaré dans un discours fleuve devant la Conférence des évêques, dans une allusion pudique au refus de l’Eglise catholique de reconnaître le mariage pour tous, à son rejet de l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples lesbiens tout comme à son hostilité au droit à l’avortement, à l’euthanasie et à l’homosexualité en général.
 
Et pourtant, "tous les jours, les mêmes associations catholiques et les prêtres accompagnent des familles monoparentales, des familles divorcées, des familles homosexuelles, des familles recourant à l’avortement, à la fécondation in vitro, à la PMA, des familles confrontées à l’état végétatif d’un des leurs", a-t-il affirmé en soulignant "certains principes énoncés par l’Eglise […] confrontés à des réalités contradictoires et complexes qui traversent les catholiques eux-mêmes". "L’Eglise accompagne inlassablement ces situations délicates et tente de concilier ses principes et le réel", a-t-il estimé.
 
Une posture de réconciliation chère au chef de l’Etat qui n’a pas du tout convaincu les associations LGBT, certaines féministes et plusieurs élus engagés dans la défense de l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et homosexuels.
 
"Depuis quand l’Eglise accompagne les familles homoparentales alors qu’elle s’oppose à leur reconnaissance et à leur protection?", a ainsi vivement dénoncé le président de SOS Homophobie Joël Deumier en critiquant un "discours complètement irréel".
 
Nicolas Noguier, le fondateur de l’Association Le Refuge, qui vient en aide aux jeunes homosexuels rejetés par leurs familles en raison de leur orientation sexuelle, a renvoyé Emmanuel Macron aux "thérapies de conversion" mises en place ou encouragées par l’Eglise catholique pour "soigner" les homosexuels de leur orientation sexuelle. L’association a de son côté accusé l’Eglise catholique de condamner l’homosexualité comme une "abomination".
 
Sous le tweet du président de la République résumant brièvement ses déclarations, une cascade de commentaires désabusés ont critiqué ces mots, beaucoup évoquant non seulement les thérapies de conversion, mais aussi le soutien de l’Eglise à la Manif pour tous ou sa condamnation du port du préservatif.
 
L’association Gaylib, associée au parti centriste UDI, s’est ainsi nettement démarquée des propos du président.
 
Tandis qu’Emmanuel Macron a appelé les catholiques à s’engager en politique, l’ancienne ministre socialiste des Familles et des droits des femmes, Laurence Rossignol, ne s’est pas privée d’ironiser sur les combats politiques de l’Eglise "déjà très engagée politiquement. Contre: le préservatif, la contraception d’urgence, l’IVG, la PMA, le droit de mourir dans la dignité…"
 
"Abuser du vin de messe nuit gravement aux capacités mentales", a ironisé sur Twitter l’adjoint au maire de Paris, Ian Brossat (PCF).