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 d’ADHEOS

C’est pour se démarquer de son adversaire russe que l’Ukraine a finalement décidé d’abandonner définitivement la loi sur la «propagande homosexuelle» auprès des mineur.e.s.
 
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie pourrait provoquer une amélioration de la situation des personnes LGBT qui vivent sous le gouvernement de Kiev. Les élu.e.s ukrainien.ne.s ont voté cette semaine une résolution considérant la Russie comme un «pays hostile» et ont retiré la loi interdisant la «propagande homosexuelle» auprès des moins de 18 ans de la liste des textes à examiner. Ce projet de législation, directement inspiré d’une loi russe similaire, avait été adopté en première lecture en octobre 2012. Sous la pression internationale, l’examen du texte a été retardé. Mais la cristallisation du conflit avec Moscou a conduit l’Ukraine à s’écarter du modèle russe.
 
LES DROITS DES LGBT: «UNE PERVERSION»
Pour le militant pro-LGBT ukrainien Svyatovslav Sheremet, les responsables politiques ont désormais compris que «l’homophobie est liée à la Russie et au “monde russe”, ce qui rend «assez peu probable» l’éventualité que de nouvelles lois homophobes soient votées, a-t-il confié à Gay Star News. Ce qui ne fait pas pour autant de l’Ukraine un pays LGBT-friendly, loin de là. Cet automne, un cinéma qui diffusait le film Les Nuits d’été, où un homme marié (Guillaume de Tonquédec) se travestit en femme le week-end, a été la cible d’une violente attaque et d’après Foreign Policy, deux personnes ont admis avoir voulu perturber l’événement en raison de leur «mépris» pour les personnes LGBT.
 
Les nouvelles personnalités au pouvoir, arrivées aux responsabilités au terme de l’Euromaïdan, se veulent plus proches de la culture européenne (au détriment de la Russie) et plus respectueuses des droits humains. Quand on interroge le maire de Kiev Vitali Klitschko, il soutient ardemment le respect des libertés individuelles, mais précise quand même qu’il ne «défend pas les gays et les lesbiennes». Pour Olena Shevchenko, directrice de l’association LGBT Insight, c’est la déception qui domine: «Nous espérions que les manifestations sur la place finiraient par améliorer les choses en termes de droits humains et de droits des minorités en Ukraine. Aujourd’hui, beaucoup disent rejeter les méthodes russes et embrassent les valeurs libérales de l’Europe, avec une vie meilleure et une plus grande liberté. Mais les droits des LGBT continuent à être considérés comme une “perversion”.»
 
RÉFUGIÉ.E.S
La gay pride prévue en juillet 2014 a été annulée pour des raisons de sécurité. Comprenez: la police et le gouvernement ne veulent pas protéger les LGBT contre les extrémistes violent.e.s. Et la communauté LGBT, soucieuse de ménager ses allié.e.s du camp libéral, n’ose pas afficher ses couleurs, comme l’expliquait sur Yagg le militant ukrainien Andrii Kravchuk. Des activistes pro-russes ont même organisé de faux rassemblements LGBT pour ternir la réputation du mouvement révolutionnaire. Celui-ci l’a finalement emporté, mais l’égalité et le respect pour les personnes LGBT ne sont pas encore au rendez-vous. Des réfugié.e.s LGBT en provenance de l’est de l’Ukraine ou de la Crimée ont rejoint Kiev dans l’espoir d’être mieux traité.e.s que dans les territoires sous influence russe. Mais leur sort n’est pas forcément enviable car des deux côtés de la frontière, les mentalités restent hostiles aux LGBT.