Dans un climat mondial où les droits des personnes LGBT+ sont de plus en plus contestés, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a décidé ce lundi 7 juillet de prolonger pour trois ans le mandat de l’Expert indépendant chargé de la protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre (SOGI).
La résolution a été adoptée par 29 voix contre 15, avec 3 abstentions. Elle avait été portée par six pays d’Amérique latine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Mexique et l’Uruguay, et soutenue par 50 États au total.
Créé en 2016, ce mandat, unique au sein du système onusien, permet à l’Expert indépendant, actuellement Graeme Reid, chercheur sud-africain, de documenter les violences subies par les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et de genres divers, de mener des visites dans les pays et de publier des rapports. Depuis sa mise en place, il a donné lieu à 17 rapports officiels et plus de 170 interventions auprès de gouvernements pour dénoncer des violations des droits humains.
« Ce vote est un signal fort : la communauté internationale refuse d’abandonner celles et ceux qui vivent dans la peur et la violence à cause de qui ils sont », a réagi Julia Ehrt, directrice exécutive d’ILGA World, une grande fédération LGBT.
L’adoption du texte a toutefois suscité l’opposition de quinze États, notamment membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui ont ainsi voté contre, jugeant que la défense des droits LGBT+ était contraire à leurs valeurs culturelles ou religieuses. Douze amendements visant à édulcorer la résolution ont été rejetés de justesse, parfois d’une seule voix.
Pour la première fois, le Conseil a également condamné explicitement les lois criminalisant les relations homosexuelles consenties et les identités de genre diverses, exhortant les États à les abroger. Une avancée « historique », alors qu’au moins sept pays dans le monde prévoient encore la peine de mort pour des relations homosexuelles consenties, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH).
Human Rights Watch a rappelé que dans de nombreuses régions, les personnes LGBT restent victimes d’arrestations arbitraires, de violences, voire de meurtres, et subissent des discriminations dans l’emploi, le logement ou la santé. « Le mandat est essentiel pour aider les États à respecter leurs obligations et protéger la dignité de toutes et tous », a souligné Graeme Reid.
Malgré ce succès, les associations restent sur leurs gardes. « Chaque recul politique peut avoir des conséquences dramatiques », prévient Fabiana Leibl, de l’International Service for Human Rights (ISHR).
La société civile, forte de plus de 1 200 ONG mobilisées pour ce renouvellement, appelle désormais les gouvernements à passer des paroles aux actes. Le mandat est une chance, mais il faut que les États coopèrent vraiment pour que les droits humains deviennent une réalité pour toutes et tous.
Source : stophomophobie.com