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 d’ADHEOS

Non seulement les anti-mariage gay mobilisent encore, mais ils marquent des points. Alors que l’on pensait la Manif pour tous en perte de vitesse, le mouvement présidé par Ludovine de la Rochère vient de remporter une victoire non seulement symbolique mais aussi politique face à un gouvernement socialiste sur la défensive.
 
Après plusieurs heures d’atermoiements, Matignon a fait savoir ce lundi que son projet de loi famille ne serait pas présenté en 2014, contrairement au calendrier préliminaire évoqué il y a peu par la ministre en charge du dossier. Ce projet de loi devait à l’origine être présenté en avril en Conseil des ministres, pour être débattu devant le Parlement au second semestre.
 
L’entourage du Premier ministre invoque notamment des "travaux préparatoires (qui) doivent se poursuivre" pour peaufiner ce projet de loi, ainsi qu’un "calendrier parlementaire déjà dense". Mais cette explication n’a pas l’air de convaincre une partie de la majorité, dont le député écologiste Sergio Coronado.
La présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère s’est d’ailleurs empressée de saluer une victoire. "C’est une victoire car ce qui se dessinait dans ce projet de loi n’était pas favorable à l’intérêt supérieur de l’enfant et de la famille", a déclaré la chef de file des anti-mariage gay.
 
Pas de PMA dans la loi famille, une première victoire pour LMPT
 
Dans la matinée, on avait senti venir les prémices d’une telle reculade, dictée par les circonstances. Ce revirement du gouvernement intervient en effet après une première annonce de Manuel Valls qui faisait déjà office de renoncement pour de nombreux députés socialistes et écologistes.
 
En fermant la porte à tout amendement sur une éventuelle ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels dans le cadre de la future loi Famille, et ce avant même de connaître le verdict du Comité national d’éthique, le ministre de l’Intérieur, soutenu par le premier ministre, mettait fin à une ambiguïté persistante depuis le début du quinquennat.
 
Mais il donnait également raison aux dizaines de milliers de Français qui se sont mobilisés ce dimanche pour dénoncer pêle-mêle la PMA, la gestation pour autrui, la théorie du genre et la fin de la famille traditionnelle. Alors que dimanche ces sujets relevaient encore du fantasme, le gouvernement a réussi ce lundi à donner du crédit et de la chair à au moins l’un d’entre eux.
 
Une "première victoire politique", selon les mots d’Albéric Dumont, coordinateur de la Manif pour tous, qui, loin de calmer la colère des anti-mariage gay, pourrait leur offrir un nouveau souffle.
 
Un gouvernement affaibli prisonnier de ses divisions
 
Car si les anciens amis de Frigide Barjot étaient bien moins nombreux dans les rues qu’il y a un an, force est de constater que leur capacité d’influence sur le débat parlementaire n’a, elle, pas faibli. Pour preuve: le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a dû s’improviser porte-parole du gouvernement en écartant lui-même dès la matinale de RTL tout amendement sur la PMA ou la GPA lors des débats parlementaires à venir. Un rôle qui aurait dû incomber à la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, ou au premier ministre Jean-Marc Ayrault.
 
Cet embryon de cafouillage gouvernemental pose malgré tout deux problèmes majeurs. Le premier est qu’il offre une concession importante à la Manif pour tous qui a pu lire dans les objections désordonnées de la majorité socialiste un signe de renoncement à un projet de PMA qui avançait masqué.
 
Colère chez les élus de gauche
 
Surtout, le renoncement de l’exécutif à toute ouverture sur la PMA a eu pour effet immédiat de braquer les groupes socialistes et écologistes à l’Assemblée, à qui l’on avait promis que la question de la procréation n’était pas encore tranchée. "Je n’ai pas envie de dire [à la Manif pour tous] que jamais il n’y aura des avancées dans les prochaines années en matière d’ouverture de droits. Car ceux qui manifestent sont contre l’ouverture de nouveaux droits", a plaidé le président du groupe socialiste, Bruno Leroux, soutenu par plusieurs députés socialistes sur Twitter.
 
Reste à savoir jusqu’où la Manif pour tous poussera son avantage. Galvanisés par ce qu’ils considèrent comme une "victoire" et toujours très mobilisés par leur nouvelle croisade contre la théorie du genre, les anti-mariage gay ne lâcheront décidément rien.