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 d’ADHEOS

Les Irlandais ont dit oui au mariage homosexuel. L’Irlande est devenu le 19e pays à légaliser le mariage gay, lors d’un référendum organisé le 22 mai dernier. Cette victoire des partisans du mariage entre personnes de même sexe, dans un pays longtemps marqué par le pouvoir de l’Église, devrait inciter le Vatican à faire sa révolution copernicienne, explique notre contributeur.
 
L’Irlande vient de voter pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe a une large majorité (62%). Même si je ne suis pas favorable à ce que les droits des minorités soient approuvés par voie référendaire, mais plutôt par voie parlementaire, pour les raisons exposées sur ce billet de blog, je me félicite néanmoins de ce résultat. 
 
Je m’en félicite d’autant plus qu’il concerne un pays très catholique, même si l’Église est toutefois en perte de vitesse après de nombreux scandales d’abus sexuels sur mineurs notamment.
  
Au Vatican, une réaction d’une grande violence  
 
Le Vatican a réagi à ce vote par la voix de Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, qui a déclaré : "Je crois qu’on ne peut pas seulement parler d’une défaite des principes chrétiens, mais d’une défaite pour l’humanité." 
 
Le Vatican ne pouvait s’empêcher d’insulter une fois de plus les millions d’homosexuels, de lesbiennes et de bisexuel-le-s par ces paroles d’une très grande violence, qui les excluent explicitement de l’humanité.  
 
Il serait pourtant largement temps que l’Église fasse sa "révolution copernicienne" concernant l’homosexualité, à propos de laquelle elle tient un discours complètement erroné, et qui n’est plus considérée que par les religions comme une maladie ou une déviance, alors que la science et la médecine ont désormais abandonné cette lecture.  
 
Plus rien ne fait véritablement obstacle à cette reconnaissance de la part de l’Église, certainement pas la Bible, texte écrit il y a 2.000 ans dans une société bien différente et qu’il faut toujours savoir prendre avec recul, ni la doctrine dont l’invalidité sur ce sujet a été mise en évidence.  
 
À quoi bon s’entêter à appliquer à cette réalité humaine une grille de lecture erronée ?  
 
L’Église doit faire sa révolution copernicienne  
 
L’homosexualité n’est jamais qu’une variation naturelle de la sexualité humaine, jamais choisie et qui s’impose d’elle-même aux personnes concernées, qui n’y peuvent rien. À partir de ce constat, il est absurde et vain de la vilipender et de culpabiliser les personnes concernées.  
 
Elle n’empêche nullement d’aimer, de s’ouvrir à l’autre, de construire un projet conjugal, voire même familial, tout comme peut le faire n’importe quel couple hétéro. L’altérité se vit dans l’ouverture à l’autre, à ses différences, à ses qualités et ses défauts, quel que soit son sexe. Il n’est nullement besoin de différence de sexe pour construire une relation conjugale durable.  
 
Quant aux enfants de familles homoparentales, ils ne se portent pas plus mal que les autres enfants et démontrent que ce dont ils ont besoin ce n’est pas d’un parent de chaque sexe mais de grandir dans un contexte ouvert aux différences non seulement de sexe et de genre mais aussi d’âge, de milieu social et culturel. C’est dans la famille élargie et dans le cercle social de leur famille qu’ils trouvent leurs repères.  
 
Il serait temps que l’Église reconnaisse enfin la viabilité des amours homosexuelles, et des familles homoparentales, qu’elle devrait plutôt considérer comme une représentation de l’amour divin au même titre que l’amour et la famille hétéro. Une majorité de catholiques français est favorable à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, et beaucoup souhaitent que l’Église évolue dans sa doctrine sur ce sujet. 
 
Les homosexuel-le-s ne sont ni des malades ni des déviants  
 
Que l’Eglise l’accepte ou non, l’homosexualité s’est normalisée dans nos sociétés occidentales, et le vote irlandais est là pour le démontrer. Les homosexuels et les lesbiennes ont conquis progressivement des droits qui ne leur étaient jusqu’alors pas reconnus : celui de se marier avec leur conjoint-e de même sexe et de fonder avec lui ou elle une famille.  
 
Certains de ces droits restent à conquérir dans certains pays, dont la France qui, par lâcheté de l’exécutif et de la majorité socialiste, s’est arrêtée au milieu du gué et n’a pas ouvert la PMA aux couples de femmes, ce qui maintient une discrimination que la loi sur le mariage entendait abolir.  
 
Dans ce contexte de reconnaissance des couples homosexuels, jusqu’à quand l’Église va-t-elle continuer à considérer les homosexuel-le-s comme des malades, des déviants, des personnes au "comportement désordonné" – alors qu’ils ne font que vivre l’affectivité et la sexualité qui est la leur, celle que la nature (que Dieu ?) leur a donnée ?  
 
Jusqu’à quand va-t-elle continuer de les considérer au mieux comme des "personnes en souffrance", et leurs couples comme n’ayant aucune valeur, alors que ce n’est pas de notre homosexualité dont nous souffrons mais de l’homophobie encore trop présente dans la société, et en particulier celle émanant de l’Église, qui non seulement injurie les croyant-es homosexuel-le-s mais, par son discours se voulant universel, injurie l’ensemble des homosexuel-le-s ?  
 
Faire un grand pas vers l’humanité  
 
L’Eglise compte pourtant en son sein de nombreux homosexuels – qui, selon les témoignages d’un ancien théologien de la Fraternité St-Pie X et d’un ancien séminariste dans le documentaire "Tu ne seras pas gay", diffusé récemment sur Arte et toujours visible sur Youtube, ne se privent pas de pratiquer leur homosexualité en cachette.  
 
Elle serait bien inspirée de sortir de l’hypocrisie qui consiste à affirmer qu’elle accueille avec bienveillance les homos et les lesbiennes alors qu’elle exige d’eux qu’ils fassent abstraction de leur vie affective et sexuelle, ce qui ne peut qu’avoir des conséquences délétères sur le plan psychologique en obligeant les personnes concernées soit à mener une abstinence forcée, soit à vivre leur sexualité dans la honte et le refoulement.  
 
Est-ce comme cela qu’elle peut prétendre accueillir vraiment les homosexuel-le-s ? Elle ne pourra prétendre les accueillir que lorsqu’elle les acceptera dans toutes les dimensions de leur être et de leur identité profonde, qui n’est en rien une "déviance" ni un "désordre", et en leur témoignant ainsi le respect qu’ils méritent en tant qu’êtres humains.  
 
Elle ferait là un grand pas vers l’humanité, à laquelle elle enverrait un signal positif et inclusif, conforme au message évangélique qu’elle est censée porter au monde, et aiderait à ce que d’autres sociétés évoluent, car les homosexuels sont présents dans toutes les cultures et tous les pays et partout ils s’organisent pour être reconnus et faire valoir leurs droits civiques.