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 d’ADHEOS

La fragile liberté dont jouissent les LGBT de le plus grand pays musulman du monde est menacée par plusieurs manoeuvres politiques, notamment devant la Cour constitutionnelle.
 
Des menaces pèsent sur la vie et la liberté de millions de gay, lesbiennes, bi et trans indonésiens. L’archipel connaît depuis quelques mois une offensive de mouvements islamistes et conservateurs pour criminaliser les rapports homosexuels entre personnes consentantes.
 
Un groupe d’universitaires et de militants a déposé une requête devant la Cour constitutionnelle dans ce sens. Pour ses auteurs, il s’agit selon eux de réagir à l’influence des associations LGBT, accusées de promouvoir les relations sexuelles occasionnelles, rapporte le «Jakarta Post». Leur proposition: bannir toutes les relations sexuelles hors mariage et étendre l’interdiction des rapports homosexuels à toutes les personnes, et non plus seulement entre adultes et mineurs.
 
Les juges de la haute instance ont déjà procédé à l’audition de cinq experts. Ils auraient décrit l’homosexualité comme «contagieuse» et «susceptible de déclencher une flambée d’infections au VIH».
 
Coups de fouet et prison
 
L’homosexualité entre personnes consentantes est légale dans la plus grande partie de l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde avec 250 millions d’habitants. Seules les provinces d’Aceh et de Sumatra du Sud, criminalisent les rapports homosexuels consentis. Leur législation, inspirée de la charia, prévoit cent coups de fouets et 100 mois de prison pour les contrevenants.
 
L’offensive antigay n’est pas limitée à la requête devant la Cour constitutionnelle. En mars, le Parti de la justice et de la prospérité (PKS, opposition islamiste) a déposé un projet de loi sur la pénalisation de l’homosexualité. Le mois précédent, la principale association de psychiatres du pays avait décrété que l’homosexualité, la bisexualité et le transgendérisme étaient des maladies mentales – à contre-courant des recommandations internationales.
 
«Personne ne devrait être autorisé à criminaliser un groupe minoritaire en Indonésie»
 
Les associations de défense des droits LGBT n’ont pas été invitées – pour l’instant au moins – à s’exprimer devant la Cour constitutionnelle. Ryan Korbarri, secrétaire de l’organisation Arus Pelangi s’est inquiété des manœuvres en cours: «C’est un danger pour nos amis LGBT. Personne ne devrait être autorisé à criminaliser un groupe minoritaire en Indonésie», a-t-il expliqué au «Jakarta Post». Les sentiments homophobes et transphobes seraient en progression dans la population indonésienne. Un sondage récent de l’Indonesian Survey Institute montre les personnes LGBT comme le groupe le qui inspire la plus grande aversion, devant les Juifs, les communistes et les chiites.