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 d’ADHEOS

Une néphrologue, médecin réanimateur de St Philibert attaque son employeur le Groupement hospitalier de l’institution catholique de Lille (GHICL) devant les Prudhommes pour harcèlement moral et discrimination à caractère homophobe. Le volumineux dossier a fait l’objet d’une audience spéciale mercredi après-midi. Décision le 25 mars.
 
La tâche des juges ne sera pas simple, devant faire le tri d’ici le 25 mars entre deux positions arcboutées sur leurs certitudes.
 
Me Hélène Popu portant la voix de la plaignante a d’abord raconté « une multitude de petits faits, humiliations, bassesses… » qui alimentent une véritable cabale : « on lui met tout sur le dos jusqu’au départ d’une secrétaire, on sabote ses machines, on ne fait pas suivre ses commandes de matériel… »
 
Pour l’avocate, la mise à l’écart commence en 2011 parce que la Dr K. a dénoncé « de graves dysfonctionnements au sein du service réanimation ». Elle y avait été embauchée en 2006. « Et quand elle quitte la réanimation, un collègue fait courir le bruit qu’elle a été mise à pied. Ce qui est faux. ».
 
L’avocat du GHICL rebondit sur l’argument pour rappeler que le « service de néphrologie transversale » dans lequel la Dr K. exerce depuis, a été créé « pour la Dr K. et en accord avec elle ». Me Thierry Doutriaux balaie l’accusation de harcèlement moral : « Ce sont des difficultés relationnelles où chacun a sa part de responsabilité ». Il évoque aussi « des pressions pour obtenir un poste de chef de service » ; il bute sur le montant des dommages et intérêts et sur la demande de rattrapage de salaire. Me Doutriaux affirme que la direction « a toujours cherché à dénouer les tensions en parfaite loyauté et transparence ». Et insiste : trois enquêtes y ont été consacrées.
 
Sauf que pour Me Hélène Popu, les conclusions vont « étrangement toujours dans le même sens. On a même fait passer ma cliente pour une menteuse. On veut la pousser à la faute, la faire partir ». Et, fait insupportable, le dénigrement ira jusqu’à la discrimination homophobe sous forme d’une lettre anonyme et de réflexions ordurières. Ces actes ont fait l’objet d’une plainte classée sans suite mais une nouvelle action au pénal est envisagée. « Il y a eu aussi la voiture de la compagne de la Dr K. taguée d’un PD au marqueur sur la vitre. C’est particulièrement abject parce qu’on s’attaque à ses proches pour la déstabiliser davantage» souligne Me Amélie Machez.
 
L’avocate de l’association SOS Homophobie demandera un euro symbolique en soutien de la plaignante : « Pour la première fois, SOS Homophobie intervient volontairement devant les Prudhommes. Cette affaire est emblématique. Les entreprises ne se mobilisent pas suffisamment. Elles doivent être vigilantes mais aussi réactives. » Et pour Me Machez, «le GHICL s’est montré plus que timoré dans ce dossier ».
 
Me Doutriaux est de l’avis contraire : « Un mail rappelant les valeurs de tolérance et de respect d’autrui a été diffusé auprès de tous les salariés. Il y était rappelé que la direction sanctionnera sévèrement toute discrimination homophobe. Sur ces faits, on a fait une enquête interne, elle n’a pas abouti. ». Décision le 25 mars.