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 d’ADHEOS

En 2014, les actes homophobes ont baissé par rapport à 2013, l’année des débats sur le mariage pour tous. Mais en réalité l’homophobie ordinaire a progressé de 40 % depuis 2011. Le réalisateur Eric Guéret revient sur ces chiffres.
 
Le dernier rapport de SOS Homophobie fait état d’une baisse des actes et propos homophobes en 2014 par rapport à 2013, année où les débats sur le mariage pour tous avaient engendré des dérapages – comme l’agression de Wilfred (photo) et de son compagnon, en plein Paris. On constate en réalité un ancrage de l’homophobie ordinaire en France : elle a progressé de 11 % par rapport à 2012 et de 40 % par rapport à 2011. Réalisateur du somptueux documentaire Homos, la haine, diffusé par France 2 en décembre dernier, Eric Guéret revient sur ces chiffres.
 
La parole homophobe est-elle enracinée dans la société ?
 
Il y a un effet « cliquet ». L’homophobie s’est manifestée avec une particulière virulence en 2013 et elle s’est installée. Mon film mettait en cause la responsabilité des politiques dans les débordements. On constate que leur instrumentalisation des débats a un effet durable. Le mal est fait, les tensions restent !
 
Qu’aurait-il fallu pour enrayer cette haine à l’égard de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bi, trans) ?
 
Une fois la loi votée, il aurait fallu une forme de mea culpa de la part de ceux qui avaient été les plus extrêmes, qu’ils s’inclinent devant le fait majoritaire. Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. A aucun moment l’UMP, par exemple, n’a eu une parole d’apaisement. Tant que certains politiques continueront de se comporter ainsi, ils seront responsables de la haine ambiante et des violences qui l’accompagnent. Recevoir La Manif pour tous, comme vient de le faire Nicolas Sarkozy pour envisager une réécriture de la loi Taubira, est une faute. On ne peut se revendiquer du pacte républicain et passer son temps à jeter de l’huile sur le feu.
 
La société française réconciliée autour des valeurs de tolérance après le 11 janvier a-t-elle fait long feu ?
 
Le mouvement de solidarité a été important mais tous ne s’y sont pas reconnus. La vraie question que cela pose est : jusqu’à quel point les Français s’identifient-ils encore aux valeurs de liberté, d’égalité, de vivre ensemble ? Parler de la République dans des endroits abandonnés par l’Etat est parfois inaudible. Il existe des zones entières où l’on ne peut plus trouver un médecin, une école… ce qui relève des fonctions régaliennes de la République. Comment voulez-vous dès lors inciter les citoyens à s’inscrire dans un pacte commun ?