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 d’ADHEOS

Adoption, IAD, FIV, coparentalité… Le chemin vers la maternité lesbienne n’est pas de tout repos. Des mères nous expliquent leur parcours, leurs difficultés, leurs espoirs.
 
Selon l’Association des parents gays et lesbiens (APGL), en France 11% des lesbiennes seraient parents malgré les blocages institutionnels. Parmi les moyens qui s’offrent à elles, l’IAD en Belgique est la plus usitée. «Ça représente la simplicité: c’est à 1h30 avec le Thalys et on parle français», explique Marie, 47 ans. «Avec Alice, on s’est rencontrées il y a quatorze ans. Elle avait déjà trois enfants d’unions hétérosexuelles et moi je voulais absolument être mère. Vers 35 ans, j’ai tenté plusieurs inséminations avec donneur anonyme dans un hôpital public en Belgique. Aucune n’a marché. On m’a orientée vers la FIV et je suis tombée enceinte après deux ans d’attente.»

 
 
Peu de temps après, Marie décide d’avoir un deuxième enfant, via une FIV aussi. «L’hôpital nous a proposé le sperme du même donneur pour que nos enfants aient les mêmes parents.» Le couple précise que «les démarches ont été éprouvantes vu les enfants à Paris, le boulot, le traitement hormonal à prendre. Et chères: seuls les échographies et les prises de sang sont prises en charge par la sécurité sociale. Le reste n’est pas remboursé.»
 
La question du père
Cette fatigue revient dans les propos de Blandine et Karine, la trentaine. En 2006, Karine essaie neuf IAD en vain: «C’est un échec pénible qui met la vie en suspens». Les choses s’arrangent quand le couple choisit, trois ans plus tard, la coparentalité, autre solution convoitée mais non reconnue par la loi française. «On a fait l’enfant avec un ami gay qu’on connaissait très bien.» Selon ce couple, «la coparentalité aussi enrichissante pour l’enfant que pour nous. Puis ça résout le problème du père: l’enfant en a besoin pour sa construction personnelle».
 
«Je trouve l’adoption plus égalitaire car aucune des deux n’a porté l’enfant.» Muriel et sa compagne étaient aussi préoccupées par la question du père: «On ne voulait pas de donneur anonyme, un enfant a le droit d’avoir accès à ses origines.» Elles se sont dirigées vers l’IAD aux Pays-Bas qui autorise l’enfant, dès ses 16 ans, à connaître l’identité du donneur.
 
«J’ai fait semblant d’être une célibataire hétéro»
Si un couple n’envisage ni l’IAD ni la coparentalité, il reste l’adoption que Françoise, 40 ans, juge dans un sens «plus égalitaire car aucune des deux n’a porté l’enfant.» Après s’être découverte stérile, elle décide d’adopter. «Pour que ça marche, j’ai dû faire semblant d’être une célibataire hétéro. Après une demande d’agrément auprès du conseil général de mon département, on a attendu notre fils 1 an et demi avant que j’aille le chercher à Haïti.»
 
Et qu’en est-il de la «mère sociale», celle qui n’a pas porté l’enfant? Depuis 2002, une délégation d’autorité parentale partagée peut être accordée: l’autre maman peut voyager avec l’enfant, l’emmener à l’hôpital… En 2009, le tribunal d’instance l’a accordée à Muriel et son amie. Alice, pacsée à Marie, précise avec énervement que «le Pacs n’accorde aucun droit à la deuxième mère!» Quant à Blandine, co-parente non reconnue par la loi, elle attend «le mariage avec impatience».