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 d’ADHEOS

Le premier à La Rochelle a été célébré, hier. Dominique Courriot et Alain Gicqueau vivent ensemble depuis trente-trois ans. 
 
«Au nom de la loi, je vous déclare unis par les liens du mariage… »
 
En tant d’années de vie publique, Maxime Bono a souvent répété cette phrase. Mais hier matin, dans la salle des mariages, il l’a prononcée pour la première fois devant deux hommes. C’était le premier « mariage pour tous » à La Rochelle. Le 24 juin à midi, Dominique Courriot, 56 ans, coiffeur au Bois Plage à l’île de Ré et Alain Gicqueau, 55 ans, chapelier à La Rochelle, se sont mariés.
 
En général, Maxime Bono ne marie plus que les personnes qu’il connaît à titre personnel. Mais en l’occurrence, il a reçu une lettre fort aimable de ce couple, le remerciant d’avoir accepté d’officier.
 
Résultat, ils étaient deux élus pour célébrer cette union : Maxime Bono mais aussi Esther Mémain qui ce jour-là était chargée des mariages. Elle s’est également exprimée : « Nous avons tous rêvé du grand jour, du mariage en robe blanche ou en queue-de-pie. Cependant, certains ont longtemps été privés de ce rêve. Aujourd’hui, la démocratie de notre pays permet à tous de se marier. Nous sommes enfin passés de la tolérance à l’égalité ». Elle a toutefois rappelé (en le regrettant) que dans nombre de pays encore, ce mariage restait interdit. Dominique Courriot et Alain Gicqueau ne portaient pas de vêtements de cérémonie à longues basques (queue-de-pie) mais des costumes gris chics et sobres avec, seule note originale, des panamas blancs.
 
« Ce n’est pas pour le fun »
 
« Nous voulions être simples, ce n’est pas la peine d’en rajouter, de se faire remarquer, expliquaient les nouveaux mariés. Ce n’est pas notre genre, au contraire. Nous n’avons jamais fait parler de nounous. Et nous ne nous sommes pas mariés pour le fun. C’est la concrétisation d’un engagement et l’aboutissement de trente-trois ans de vie commune. Cela renforce encore les liens et comme dans tous les couples, c’est important de faire en sorte de toujours consolider ces liens. Cela donne aussi davantage de protection. Et puis, il ne faut pas avoir peur de sauter le pas puisque la loi le permet. Nous sommes fiers d’être les premiers mariés homosexuels de la ville. C’est une porte ouverte sur la vie ». Dominique et Alain n’ont pas l’intention d’adopter des enfants. Au début de leur union, ils auraient aimé. Maintenant, c’est trop tard, estiment-ils. Ils étaient également ravis d’être entourés d’amis et d’amies, venus pour certains de Paris ou de Toulouse. Rue des Bonnes-Femmes
 
Tous assez émus. « Je suis heureuse pour eux, commentait une jeune femme. Cela fait trente-trois ans qu’ils sont ensemble, donc ce n’est pas une lubie, un coup de tête ou un phénomène de mode : c’est une suite logique, une confirmation de leurs liens, une façon intense de les prolonger ».
 
Dans la salle, un homme d’un certain âge regardait une fillette et disait à la mère de l’enfant : « Elle ne s’en souviendra peut-être pas mais c’est un moment fort, elle aura vécu le commencement d’une nouvelle époque ».
 
Maxime Bono a conclu en citant des paroles de la chanson de Gilles Vigneaud : « Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère. Commenceront les beaux jours, mais nous, nous serons morts, mon frère ».
 
Et il a commenté : « Nous ne sommes pas morts, nous ne vivons pas d’amour mais ceux qui s’aiment peuvent vivre comme ils l’entendent ». Dominique Courriot et Alain Gicqueau ont convié tous leurs invités au vin d’honneur servi… rue des Bonnes-Femmes. Cela ne s’invente pas. C’est dans cette rue rochelaise qu’Alain Gicqueau vend des chapeaux.