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 d’ADHEOS

Donné gagnant par tous les sondages aux prochaines élections, le Partido popular (conservateur) n’exclut pas de revenir sur la loi permettant le mariage homo. La menace provoque une vague de mariages sans précédent chez les homos.
 
Presque un an après avoir allumé la mèche, Mariano Rajoy (photo ci-dessous) ne fait toujours rien pour éteindre l’incendie. Le 31 octobre 2010, dans une interview accordée au quotidien El País, le leader de la droite espagnole affirme que, s’il succède à José Luis Zapatero, il «ne s’engage pas à maintenir la loi autorisant le mariage des homosexuels.» Son désaccord viendrait du mot «mariage». «Cette loi me paraît contraire à la Constitution», précise-t-il.
 
A l’époque, la déclaration provoque un tollé jusque dans les rangs de son propre parti, le Partido Popular. Depuis, et malgré les appels incessants à clarifier sa position, le responsable politique ne donne pas plus de précisions sur le sujet. Alors que les élections législatives auront lieu le 20 novembre et que Rajoy a toutes les chances de devenir le prochain Président du gouvernement espagnol, la menace crée un énorme malaise chez les homos d’Espagne, au point d’assister une ruée des couples gays vers les services d’état civil.
 
«Un ami m’a dit de faire attention»
Estanis Lao, couturier barcelonais de 49 ans, va bientôt épouser Doug, avec qui il vit depuis sept ans. S’ils voulaient se marier depuis longtemps, les deux hommes avaient toujours repoussé la date, un peu rebutés à l’idée de se lancer les démarches. Estanis le concède volontiers, c’est la peur de perdre ce droit qui l’a décidé à prendre le taureau par les cornes.
 
«Au départ nous ne prenions pas vraiment Rajoy au sérieux, se souvient-il. Nous en rigolions entre nous tellement cela nous paraissait impossible. Mais le temps est passé et il n’a rien clarifié. Un ami qui milite pour les droits LGBT m’a dit de faire attention. Nous avons parlé à un avocat, qui nous a confirmé que, si nous voulions nous marier, il était plus prudent de nous dépêcher.» Aucune loi n’étant rétroactive en Espagne, il est effectivement impossible pour un nouveau gouvernement, à moins de faire voter un improbable changement dans la constitution, de faire invalider les unions déjà prononcées. En se mariant tout de suite, les couples se mettent donc à l’abri en cas de retour en arrière.
 
«Marie-toi maintenant, la droite arrive!» est un slogan qui circule de façon récurrente sur les réseaux gays.
 
Psychose sur les réseaux sociaux
Comme Estanis et Doug, de nombreux couples gays espagnols avancent leur mariage, parfois dans la précipitation. «Nous voyons même des couples qui avancent la date, tout en maintenant à plus tard les festivités, précise Antonio Poveda, président de la Fédération espagnole des associations LGBT (FELGBT). Nous n’avons aucun chiffre officiel, mais nous avons constaté en septembre une augmentation de 40% des demandes d’informations à ce sujet. L’inquiétude est réelle.» Une inquiétude qui tourne presque à la psychose sur les réseaux sociaux, où des appels se multiplient pour pousser les couples à se marier rapidement. «Marie-toi maintenant, la droite arrive!» est un slogan qui circule de façon récurrente sur les réseaux gays.
 
Dans la même veine, Jose Antonio Rodriguez, maire socialiste de Jaen, commune andalouse de 117.000 habitants, promeut une formule de «mariage express». «Si vous connaissez une famille gay qui rencontre des difficultés pour se marier avant le 20 novembre, je résoudrai son problème!», a publié l’élu sur son compte Twitter. Résultat, les demandes de mariage à Jaen ont été multipliées par sept, selon la mairie.
 
«Aucun pas en arrière!»
Face à cette menace surréaliste mais malheureusement bien réelle, les associations LGBT d’Espagne avancent unies et ont déjà lancé leurs juristes dans la bataille. Réunis sous les slogans «Aucun pas en arrière!», les défenseurs des droits LGBT rappellent que le mariage homosexuel est, selon les enquêtes d’opinion des dernières années, accepté par plus de 70% des Espagnols.
 
«Nous n’avons pas peur, parce que la peur paralyse, explique Maria José Ariza Toledano, vice-présidente de la FLG, association des familles lesbiennes et gays. La société nous soutient. Si Rajoy va au bout, il devra faire face à une pression sociale énorme venant des collectifs LGBT et de plein d’autres encore.»