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 d’ADHEOS

Le nombre de personnes LGBTQ+ signalant des situations de violence et de discrimination a fortement augmenté au cours de la dernière année, selon les plus récentes données de l’organisme Interligne, qui offre des services d’aide et d’écoute aux personnes issues de la diversité sexuelle et de genre.

Une hausse marquée des appels pour violences et discrimination
Les appels liés à des situations de violence ont plus que doublé en un an, passant de 134 en 2023-2024 à 282 en 2024-2025, selon le rapport annuel de l’organisme et dont un reportage publié sur le site de La Presse fait mention.

Encore plus marquant, le nombre d’appels concernant la discrimination, les enjeux de classe ou le racisme liés à l’orientation sexuelle est passé de 60 à 245 appels, soit une hausse de 308 %. Ces appels concernent aussi bien des cas de violence dans la sphère privée que des agressions verbales ou physiques dans l’espace public, précise Pascal Vaillancourt, directeur général d’Interligne, en entrevue avec La Presse.

Un climat anxiogène en progression
Le psychologue Jesse Bossé, spécialisé en santé mentale LGBTQ+ et en réalités trans, observe une montée des sentiments de peur et de détresse chez ses patient·es : « La haine anti-LGBT et anti-trans est de plus en plus ressentie. Je fais maintenant de l’intervention de crise chaque semaine. » Selon lui, la situation s’est dégradée de façon continue depuis deux ans, et s’est intensifiée au cours des six derniers mois.

Pascal Vaillancourt note également une accentuation du repli depuis la pandémie, exacerbée par l’isolement et la prolifération des chambres d’écho en ligne, qui légitiment de plus en plus les propos haineux. Au total, Interligne a reçu près de 20 000 appels en 2024-2025.

Témoignages choquants d’agressions
Pour la première fois de sa vie, Pascal Vaillancourt dit avoir été verbalement agressé dans la rue cette année : « J’ai une quarantaine d’années derrière moi et c’est la première fois que je vis ça. »

Samuel Desbiens, intervenant chez Trans Mauricie/Centre-du-Québec, a lui aussi vécu une altercation troublante en mai dernier. Alors qu’il attendait son repas dans un restaurant de Trois-Rivières, un homme l’a interpellé après avoir lu le mot « Trans » sur son chandail : « Vous autres, les trans, vous allez bientôt disparaître! Pas besoin de ça au Québec. (…)  Il était à deux pouces de ma figure, les poings serrés, la voix forte et agressive », raconte M. Desbiens, encore sous le choc. Il a demandé à emporter son repas par peur d’être suivi à l’extérieur. Dans son travail, Samuel Desbiens remarque que la peur est désormais omniprésente chez les personnes trans qui sollicitent l’aide de son organisme.
Dans les groupes de soutien en ligne auxquels il participe, les témoignages de violences verbales se multiplient.

Une intolérance grandissante
Pourquoi cette hausse? Pour Martin Blais, professeur à l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité de genre, il y a de plus en plus de visibilité accordée à ceux qui s’opposent aux droits des personnes trans et non binaires, ce qui ouvre la porte à des propos décomplexés, parfois haineux. Toutefois, Martin Blais nuance : « Ce recul vient d’une minorité. Mais il est plus marqué lorsqu’il s’agit des questions liées à la diversité de genre. » Selon lui, l’agitation numérique se traduit sur le terrain par des comportements plus hostiles.

Les sondages au Québec comme ailleurs dans le monde montrent une baisse de l’adhésion aux droits LGBTQ+. Une étude du GRIS-Montréal, publiée en janvier 2024, révélait même que le sentiment de confort des adolescents face à la diversité sexuelle reculait pour la première fois en 30 ans d’existence de l’organisme.

Des inégalités persistantes
Les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre sont déjà plus touchées par l’intimidation, les agressions et le harcèlement que la population générale. Mais ces violences atteignent aujourd’hui un niveau qu’on n’avait pas vu depuis longtemps.

Les données de Statistique Canada confirment cette réalité :

  • Les personnes de la diversité sexuelle sont deux fois plus susceptibles d’avoir subi de l’intimidation ou du harcèlement que les personnes hétérosexuelles;
  • C’est trois fois plus élevé chez les personnes issues de la diversité de genre.

Source : À partir d’un reportage paru dans La Presse