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 d’ADHEOS

A l’occasion de sa vingtième Nuit gay, Canal + diffusera mardi 28 janvier Les Invisibles, un film sur la perception de l’homosexualité dans la France d’après-guerre.
 
Créée en 1995 en plein dans les années sida, la Nuit Gay a été l’occasion d’aborder pour la première fois à la télévision l’homosexualité sous un angle non pathologique. Elle a contribué et contribue encore à faire avancer les mentalités grâce à la programmation de films tels que Les Invisibles de Sébastien Lifshitz, primé César du meilleur documentaire 2013.
 
Ce film recueille les témoignages touchants d’hommes et femmes nés dans l’entre-deux guerres, et nous plonge dans une époque où l’homosexualité était encore illégale. Certains ont été mariés, l’un d’entre eux a eu cinq enfants. Une autre, au récit douloureux, en eu quatre. Elle dénonce l’injonction à devenir mères qui pesait sur les femmes :
 
« On se mariait en toute innocence, en toute bêtise. (…) On était élevées pour les enfants. D’ailleurs je me souviens m’être mariée au mois de juillet, et le mois d’après ma mère et ma belle-mère sans s’être consultées me disaient « T’as tes règles ? t’as tes règles ? ». Ben oui je les avais, alors j’ai senti tout de suite que j’étais pas une femme bien. (… ) J’attendais beaucoup du mariage, et deux mois après je me suis rendue compte que c’était un train-train quotidien absolument désespérant. Je me suis rendue compte très vite que j’allais être enfermée pendant des années. ».
 
Le vieil adage « Pour vivre heureux restons cachés » ne s’applique pas ici. La plupart ont mal vécu leur invisibilité, et c’est souvent l’amour qui leur a redonné le goût de vivre. L’homosexualité était rejetée dans tous les milieux sociaux, qu’ils soient bourgeois ou ouvriers. Un ancien distributeur du journal L’Humanité explique qu’il a ainsi été expulsé du Parti Communiste. Elisabeth, une femme vivant désormais heureuse à la campagne, décrit comment elle et sa compagne ont perdu leur emploi dans le années 70 au sein de la même société :
 
« On est parties parce qu’on était homosexuelles, uniquement. Avec toute la répression voulue qui n’avait rien à voir avec l’homosexualité. On vous met au placard, on vous fouille vos cartables. Tout ça on a connu.»
Etre confronté au qu’en dira-t-on n’était pas la seule difficulté, il fallait également parvenir à faire des rencontres. En ville, il y avait les pissotières, et à la campagne c’était les rivières. Un chevrier explique que les rencontres avaient lieu autour des points d’eau et, plus particulièrement dans sa région, au bord de La Sorgue. Nous sommes loin des applications et sites de rencontres actuels.
 
L’époque n’est pas si lointaine, et pourtant on pourrait croire que des siècles se sont écoulés entre ces récits et aujourd’hui. L’homosexualité n’a été dépénalisée en France qu’en 1982, et retirée de la liste des maladies psychiatriques de l’OMS qu’en 1991. Certes il existe encore des réticences et une homophobie latente, comme on a pu le constater lors des débats qui ont entouré la loi sur le mariage. Mais il existe un gouffre entre ces récits et la perception de l’homosexualité par la société actuelle. Non, ce n’était décidément pas mieux avant.
 
Les Invisibles sera diffusé en deuxième partie de soirée, après Les amants passagers de Pedro Almodovar.