L’étude est rare, et ses résultats, alarmants. Selon des chercheurs du Qatar, la contamination au vih auprès des homosexuels des pays arabes – une population qui vit le plus souvent cachée – prendrait des proportions alarmantes
L’infection par le virus du sida dans des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du nord s’est propagée, prenant l’allure d’une épidémie, en particulier dans les milieux des homosexuels et bisexuels, selon une étude publiée par le journal spécialisé PLoS Medecine – la première menée dans ces pays musulmans où le sida est encore considéré parfois comme un tabou, et où les «MSM» («men who have sex with men» ou «hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes») vivent le plus souvent dans l’ombre.
«Dans les pays occidentaux, les MSM sont une population visible et identifiée, ce qui a permis de surveiller la transmission au VIH auprès des gays au sein de cette communauté. Dans bien d’autres pays, les MSM sont invisibles socialement, craignent des discriminations, de la stigmatisation (être considérés comme marginaux socialement) voire des arrestations» s’ils se montraient publiquement, constatent les chercheurs, issus de centres de recherche du Qatar, d’Egypte et des Etats-Unis.
Urgence
Cette étude précise que le taux d’infection par le vih parmi les MSM a dépassé les 5%, un seuil annonciateur d’une épidémie, dans plusieurs régions. «Une épidémie du sida semble se dessiner parmi les homosexuels dans au moins certains pays de la région», indique l’étude, qui cite notamment l’Egypte, le Soudan et la Tunisie.
Les auteurs de l’étude, à l’initiative du Weill Cornell Medical College au Qatar, préconisent le renforcement de la surveillance sanitaire et des moyens de dépistage et de prévention, notamment dans les milieux des populations à risque. «Il y a un besoin urgent d’étendre la surveillance du sida, l’accès au dépistage, la prévention et les services de traitement de l’infection (…) pour prévenir que la propagation du virus n’empire au Moyen-Orient et en Afrique du nord», conclut l’étude.
