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 d’ADHEOS

Leïla Slimani, couronnée hier par le plus prestigieux des prix littéraires français, a évoqué la situation des personnes LGBT dans son pays d’origine, le Maroc.
Chanson douce est le deuxième roman de Leïla Slimani. Avec son histoire de nounou assassin d’enfants bourgeois, elle a coiffé au poteau ses concurrents Catherine Cusset, Régis Jauffret et Gaël Faye, tous les trois finalistes du prix Goncourt qui garantit entre autres à ses lauréats un succès de librairie, une reconnaissance des pairs et la plupart du temps une carrière d’écrivain.
 
Le journaliste et critique Eric Loret déclarait au Monde qu’indépendamment de la qualité de l’oeuvre de Leïla Slimani, on pouvait soupçonner le jury du Goncourt d’avoir souhaité dépoussiérer son image en faisant « remonter ses statistiques vers les femmes plutôt jeunes ». Leïla Slimani est seulement la cinquième femme en 30 ans à obtenir le Goncourt après Pascale Roze en 1996, Paule Constant en 1998, Marie NDiaye en 2009 et Lydie Salvayre en 2014.
Se rebeller
 
Invitée dans l’émission d’Ali Badou ce matin sur France Inter, Leïla Slimani a qualifié « la législation moyenâgeuse » en vigueur au Maroc de « chape de plomb » et appelé les citoyens à « se rebeller contre ça ».
 
Il y a des normes qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, qui interdisent l’homosexualité, qui pénalisent l’adultère. Il y a de l’autre côté des pratiques qui sont complètement à l’inverse de ces normes. Il ne faut pas être hypocrite, tout le monde sait très bien que les Marocains ont une vie sexuelle hors du mariage, et c’est tout à fait normal qu’il existe des homosexuels. On maintient cette dichotomie, on maintient ce fossé parce que ça arrange le système, ça arrange certains.
 
Leïla Slimani a expliqué que ce système servait des intérêts politiques plus que religieux et que « certains imams éclairés vous expliqueront que ça n’a aucun rapport » :
 
La question, c’est la question des droits de l’Homme, des droits sexuels, de la dignité et, en particulier, la dignité du corps de la femme. Il faut imaginer une femme qui n’appartienne à personne, qui ne soit ni une mère, ni une sœur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière.
 
L’auteure était questionnée par Ali Badou sur l’arrestation à Marrakech de deux adolescentes de 16 et 17 ans surprises par un membre de leur famille en train de s’embrasser sur un toit. Elles ont été jetées en prison et n’ont pas pu avoir de nouvelles de leurs proches pendant une semaine. Actuellement en liberté provisoire, elles seront jugées le 25 novembre. L’homosexualité est passible au Maroc de peines de prison allant de six mois à trois ans.