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 d’ADHEOS

Ayant voté contre le mariage pour tous et contre la PMA pour toutes, le député du PS Jérôme Lambert fait malgré tout partie des candidats investis pour les élections législatives par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) formée derrière Jean-Luc Mélenchon. Contacté par Têtu·, l’élu – depuis 1986 – assume ses positions sur l’homoparentalité…

Quelle ne fut pas notre surprise, en découvrant la liste des candidats investis par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pour les élections législatives, d’y lire le nom du député PS de Charente Jérôme Lambert. Élu pour la première fois en 1986 à l’âge de 26 ans, ce petit-neveu de François Mitterrand a depuis lors toujours siégé à l’Assemblée nationale, sauf entre 1993 et 1997 après avoir été battu. Une expérience qui pourrait justifier que l’alliance de gauche, réunie derrière Jean-Luc Mélenchon, lui ait attribué l’une des 70 circonscriptions réservées aux socialistes dans l’accord entre la France insoumise (LFI) et le PS. Sauf qu’un rapide coup d’oeil sur sa carrière de parlementaire montre que Jérôme Lambert a notamment soutenu la Manif pour tous (LMPT) contre la loi Taubira en 2012, avant de voter l’an dernier contre la PMA pour toutes…

Du soutien de Jérôme Lambert à LMPT, il reste une vidéo mise en ligne en 2014 par le mouvement conservateur dans laquelle il justifie son combat contre la loi sur le mariage pour tous – alors même qu’il avait voté en faveur du pacs en 1999 – par son opposition à la reconnaissance de la filiation homoparentale. Laquelle le fait aussi appeler à une “mobilisation massive” contre l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) : “La procréation est l’acte de deux personnes de sexe différent pour obtenir un enfant. Je suis contre le fait de marchandiser le vivant : pouvoir acheter des gamètes, choisir dans un catalogue les caractéristiques du donneur, c’est un acte qui s’apparente à de l’eugénisme”, assène-t-il.

Jérôme Lambert maintient sa position anti-PMA

Contacté par Têtu·, le député jure aujourd’hui n’avoir jamais manifesté lui-même avec LMPT contre les droits LGBTQI+. “Ce qui m’énervait à l’époque, c’était l’attitude de Taubira. On ne pouvait pas discuter”, atténue-t-il, tout en maintenant sa position de fond sur l’air d'”un papa, une maman” : “J’ai toujours été pour le mariage, ce qui me gêne, c’est de reconnaître la filiation de deux pères. Je suis d’accord pour qu’ils adoptent, mais on ne peut pas inscrire à l’état civil ce qui n’est pas possible, à savoir que deux hommes peuvent engendrer un enfant.”

De fait, l’an dernier au moment du vote de la loi de bioéthique ouvrant la PMA aux couples de lesbiennes, Jérôme Lambert a persisté dans ses positions rétrogrades, à rebours de son groupe : vote contre en première lecture, absent en deuxième lecture comme à de multiples reprises, vote contre à nouveau en dernière lecture. “Comme pour le mariage, j’aurais voté le texte s’il n’y avait pas cette filiation”, nous assure l’élu âgé de 64 ans, avant de développer : “La filiation, c’est un élément mâle et un élément femelle. On aurait très bien pu demander à l’autre parent d’adopter l’enfant.”

Soutien de la Syrie et de la Russie

Pour tenter de comprendre ce qui lui vaut en 2022 d’obtenir une circonscription de l’alliance Insoumis-Verts-socialistes-communistes, nous avons consulté les positions de Jérôme Lambert sur d’autres dossiers. En 2017, le député a pourfendu la loi sur “la confiance dans la vie politique” qui visait à interdire à un parlementaire d’employer un membre de sa famille. Lui-même employait jusqu’alors son épouse comme assistante. Dans la Charente libre, il déclarait alors : “Cette loi est une aberration qui veut faire croire à la création d’un nouvel ordre, d’un nouveau monde”. Cherchons encore…

Membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jérôme Lambert fait partie d’une quarantaine de groupes d’amitié. Dont celui de la Syrie, où il se rend en 2015 en soutien à Bachar el-Assad, appelant à “faire front commun” avec le dictateur. En 2019, Jérôme Lambert a par ailleurs été sanctionné par l’Ukraine pour avoir fait partie des “observateurs internationaux” ayant assisté, depuis la Crimée annexée par Vladimir Poutine, à l’élection présidentielle russe. En 2021, le parlementaire également membre du groupe d’amitié France-Qatar a appelé à un “renforcement de nos relations bilatérales avec le Qatar”, où les relations homosexuelles sont passibles de la prison.

Membre du Conseil de l’Europe, Jérôme Lambert dénonce aujourd’hui les politiques LGBTphobes menées en Pologne et en Hongrie, déclarant à Têtu·: “Comme tous les démocrates et les humanistes, je ne peux que constater que ce sont des politiques abjectes”. Et de mettre en valeur la vision européenne qui le rapproche de Jean-Luc Mélenchon, lui qui en 2005 avait fait campagne contre le traité constitutionnel européen : “Comme moi, Mélenchon est le seul qui a dit non”. Certes, mais la question reste ouverte : qu’est-ce qui rend nécessaire, aux yeux de la Nupes qui s’affiche progressiste et pro-LGBTQI+, un huitième mandat de Jérôme Lambert ?