Ce samedi à Saint-Saturnin-du-Bois, le tiers-lieu “À la Motte” accueillait la première édition du “RuraLGBT“. Un mini-festival pour célébrer, échanger et partager des réflexions autour des identités de genre. Une première bienvenue dans le monde rural de la Charente-Maritime.
Quelle place pour la communauté LGBT+ et les réflexions autour des identités de genre… à la campagne ? Poser la question en 2025 peut paraître saugrenu. À bien écouter Angela, habitante de Saint-Saturnin-du-Bois, 910 habitants au nord de la Charente-Maritime, cela se révèle très utile, en réalité. “On se sent un peu seul à la campagne, révèle cette maman lesbienne. On a du mal à rencontrer des familles homoparentales. Je pense qu’il y en a plein, mais elles vivent un peu cachées.“.
Pour “sortir du placard“, faire face à son isolation et l’invisibilisation de sa communauté, loin des centres urbains et des désormais courantes “marches des fiertés“, l’association LGBTI “ADHEOS” vient d’inventer un nouvel espace de rencontres et d’échanges. Elle organisait hier son premier “RuraLGBT“, un mini festival gratuit et ouvert à tous, sur les terres du tiers-lieu “À la Motte“.
Exister dans l’espace rural public
Conférences, stands d’associations partenaires, exposants, food trucks, concert… Riyana Vigeon, présidente d’ADHEOS et fondatrice de l’évènement, a tout pensé pour mettre les identités de genre au milieu du village. “Le “L” fait la jonction entre le monde rural et le monde LGBT. C’est clairement la rencontre des deux mondes.“. Deux sphères distinctes, qu’elle connait assez bien pour s’être cachée derrière une identité de garçon qui ne lui convenait pas toute son enfance, dans un petit village du département. Aujourd’hui, “le village [la] connaît, sait [qu’elle] est une femme trans. [Elle] ne rencontre pas de malveillance.”.
Un évènement comme celui-ci doit permettre de passer l’étape suivante : exister dans l’espace rural public. “Clairement, si on veut avoir accès à des associations, ou des évènements autour de cette thématique, si on ne va pas en ville, il ne se passe rien, souligne Angela, qui regrette de ne pas avoir été mise au courant plus tôt. “. Je tenais le marché, juste en bas. On est sur deux évènements à 50 mètres qui ne se croisent pas. Je trouve ça hyper dommage.”.
Pour Marie Sarah Colle, membre du mouvement militant LGBT “Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence“, l’enjeu se situe aussi au niveau de la nouvelle génération. “On pense surtout aux jeunes LGBT qui vivent en milieu rural, et qui peinent peut-être à trouver leur place, des réponses à leurs questions. Nous on est là pour dire : « tu n’es pas tout seul. ». Je trouve ça génial d’être accueilli ici, ça me parle. Ayant grandi dans un petit village, vécu dans le rejet, la honte et la culpabilité, je trouvais important de venir pour dire :sois toi-même, sois heureux, tu as ta place.”.
Parmi les associations partenaires présentes, “Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence“, collectif militant mixte et international. © Radio France – Hugo Marsault
Les avancées existent, mais ils restent bien des champs à cultiver. “On peut être très bien loti, comme ici, ou alors être à l’extrême, observe Marie Sarah Colle. Ça dépend beaucoup des mairies, des collectifs…. On n’a pas des alliés partout en milieu rural. C’est encore une terre de mission.”.
Et même au sein de la communauté, estime Riyana Vigeon. “Mes amis de l’association en ville m’ont dit : ‘un truc à la campagne, mais ça ne marchera jamais ! “. Elle espère aujourd’hui une deuxième édition. D’ici là, elle se rendra à la gay pride de La Rochelle, le 7 juin prochain. Et pense à une initiative le 14 juillet, journée internationale des personnes non binaires.
Un évènement comme celui-ci doit permettre de passer l’étape suivante : exister dans l’espace rural public. “Clairement, si on veut avoir accès à des associations, ou des évènements autour de cette thématique, si on ne va pas en ville, il ne se passe rien, souligne Angela, qui regrette de ne pas avoir été mise au courant plus tôt. “Je tenais le marché, juste en bas. On est sur deux évènements à 50 mètres qui ne se croisent pas. Je trouve ça hyper dommage.”
Source : francebleu.fr