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 d’ADHEOS

 Le prince indien Manvendra Singh Gohil, précurseur des luttes contre le sida et pour les droits LGBT, a passé 6 jours à Paris. Au programme : réunions avec la direction d’Aides, rencontres avec Carla Bruni et découverte de Paris. Retour sur une semaine VIP et militante
 
 Il sort de sa berline aux vitres teintées et s’engouffre dans le Grand Palais. Ce mardi, le musée est fermé, les traditionnelles files d’attente devant l’expo Monnet ont disparu, mais lui a droit à une visite privée. A l’intérieur, un comité d’accueil VIP l’attend : le président du Grand Palais, Jean-Paul Cluzel, lui souhaite la bienvenue et le félicite pour son action. Le prince indien Manvendra Singh Gohil remercie de toutes ses attentions, distribue les sourires chaleureux autour de lui, invite chacun de ses interlocuteurs à passer le voir en Inde.
 
 «Nous avons été très bien accueillis»
Toute la semaine, le seul noble indien à assumer publiquement son homosexualité, précurseur dans son pays pour la lutte contre le sida et pour les droits LGBT, était à Paris, à l’invitation d’Aides. Celui que les médias indiens appellent «le prince gay» (lire portrait) a reçu un accueil royal partout où il est passé, un prince ne faisant rien tout à fait comme les autres. Pour sa sortie du samedi, il est allé dîner avec Carla Bruni-Sarkozy et l’ambassadrice de Jordanie au gala d’Aides. Pour ses emplettes du dimanche, les plus grandes maisons de couture lui ont proposé des petites sessions de shopping privées. Et quand il a voulu en savoir plus sur sa nouvelle passion, l’harmonium, un instrument de musique populaire en Inde et inventé en France, il a pu se renseigner directement auprès du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. «Nous avons été très bien accueillis», se félicite-t-il, d’une voix douce.
 
Pendant six jours, le Prince a enchaîné rendez-vous et interviews, laissant ses accompagnateurs au bord de l’épuisement, tout en profitant du voyage pour jouer au touriste lambda, à Notre-Dame ou à la Tour Eiffel, sans oublier un incontournable : le Marais. « C’est bien que les gays aient leur quartier et que l’on y croise aussi des hétéros. J’ai aussi pu voir les bars gays… Mais je n’y suis pas entré, la famille royale n’a pas le droit de faire la fête », précise-t-il en gardant un petit sourire énigmatique. Et alors que ce passionné d’histoire vante la conservation du patrimoine parisien, il s’interrompt pour raconter sa balade au Père-Lachaise. Ce qui l’a marqué : les « tombes de gays », Marcel Proust ou Oscar Wilde, et surtout le gisant de la tombe de Victor Noir, qui a la particularité d’afficher une érection décomplexée qu’il évoque en riant.
 
«Lutter pour l’acceptation de l’homosexualité»
Mais son séjour était avant tout studieux et militant. Le Prince a ainsi multiplié les rencontres avec Aides, pour «échanger des informations», réfléchir à une future collaboration, et visiter des centres de dépistages rapides qu’il espère reproduire en Inde. Il compte également mettre à profit son court entretien avec Nicolas Sarkozy et ses conversations avec Carla Bruni, ambassadrice du Fonds mondial contre le sida, pour faciliter ses actions. «En Inde, beaucoup d’hommes gays sont victimes de l’épidémie. Un grand nombre d’entre eux est marié de force, ils peuvent également contaminer leurs femmes, expose le Prince. Nous devons à tout prix lutter pour l’acceptation de l’homosexualité et améliorer la prévention, tant auprès des hommes que des femmes». Son prochain objectif, presque accompli, est d’obtenir un rendez-vous avec Carla Bruni la semaine prochaine, lors du voyage présidentiel en Inde.
 
En attendant, il ne voit qu’un bémol à sa semaine parisienne : la météo. Fatalement, le vêtement traditionnel indien dont il ne se sépare jamais n’est pas l’équipement idéal en pleine vague de froid et il ajoute en faisant la moue: «de plus, je n’ai trouvé aucun Français pour me réchauffer…»