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 d’ADHEOS

L’onde de choc provoquée par la mort d’un professeur gay d’origine française pourrait accélérer les démarches qui feraient de Taïwan le premier pays asiatique à légaliser l’union de personnes du même sexe. 
  
A Taïwan, la Gay Pride organisée ce samedi aura une dimension très particulière. D’abord parce que, si l’on en croit The Guardian, cette édition pourrait bien être le plus large rassemblement LGBT jamais organisé en Asie -80 000 participants sont attendus. Ensuite parce que l’Etat souverain pourrait devenir, dans les prochains jours, le premier pays asiatique à légaliser le mariage gay. 
 
Si tel était le cas, cela aura été possible au terme d’un long chemin… et après une disparition. 
 
Le drame d’un couple sans reconnaissance légale  
 
Les participants se réuniront quelques jours après le décès de Jacques Picoux, enseignant français de l’université nationale de Taïwan. Âgé de 67 ans, ce dernier est mort le 16 octobre, après être tombé du dixième étage d’un immeuble de Taipei. Selon ses proches, en proie à la dépression depuis la mort de son compagnon l’an dernier, il aurait mis fin à ses jours.  
 
Atteint d’un cancer en phase terminale, l’homme qui partageait la vie de Jacques Picoux s’appelait Tseng Ching-chao. Et lorsque les dernières heures de cet homme de 35 ans sont arrivées, qu’il a fallu prendre plusieurs décision médicales, le professeur français n’a pas eu voix au chapitre. Leur couple n’étant pas légalement reconnu, il n’a pas non plus pu conserver logement qu’ils partageaient ensemble.  
 
Cette histoire a considérablement ému la communauté LGBT de Taïwan, qui pousse depuis plusieurs mois à la reconnaissance de l’union homosexuelle. Elle a surtout généré un puissant mouvement de sympathie dans la société pour favoriser une prise en compte de cette question de société. 
 
Un projet de loi en passe d’être adopté  
 
Lundi, le Parti démocratique progressiste, actuellement au pouvoir, a déposé un texte afin de modifier le droit de la famille en faveur des LGBT.  
 
Selon le lobby Pride Watch Taïwan, 58,4% des personnes appelées à voter devraient se prononcer en faveur de ce texte. "Ce serait une première à Taïwan", confie Cindy Su, qui fait partie de ce groupe. La précédente tentative de légiférer sur ce sujet avait duré près de deux ans avant d’échouer.  
 
Pour Yu Mei-nu, qui a rédigé le projet de loi pour le parti majoritaire (et était déjà mobilisée dans la précédente bataille), l’histoire de Jacques Picoux et Tseng Ching-chao "a touché les gens (…) La comminauté LGBT était très en colère. Elle a mis beaucoup de pression sur notre parti et les autres formations politiques." 
 
Le soutien de l’opinion publique  
 
Cette pression devrait s’avérer payante, même si l’on ignore encore quel jour interviendra le vote: l’an dernier, un sondage commandé par le ministère de la Justice, révélait que 71% des personnes interrogées sont pour la légalisation du mariage gay.  
 
La communauté LGBT, elle, n’a pas attendu pour rendre hommage au couple disparu. Le lendemain du dépôt du projet de loi, les cendres du Français et du Taïwanais ont été répandues ensemble dans la mer, sur la côte sud du pays.