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 d’ADHEOS

Têtu ne paraîtra pas début septembre, comme cela aurait dû être le cas. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, jeudi 23 juillet, la liquidation judiciaire du seul mensuel gay français. Le magazine, vieux de vingt ans et emblématique des combats de la communauté homosexuelle, était en grande difficulté financière.
 
« Tout le monde est licencié », a constaté le directeur de la rédaction, Yannick Barbe, après l’annonce de cette décision. Le magazine, qui employait neuf salariés, avait été placé le 1er juin en redressement judiciaire. Une demande de conversion du redressement en liquidation judiciaire avait ensuite été établie. « Le site Têtu.com va encore continuer quelques semaines, histoire de ne pas arrêter complètement le robinet », a ajouté Yannick Barbe.
 
Absence de modèle économique
 
Si le site est rentable, le magazine a lui toujours été déficitaire, faute de réel modèle économique. Le mensuel a été financé pendant dix-huit ans par son propriétaire et mécène Pierre Bergé (actuel coactionnaire du Monde), qui a épongé des pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros, avant de le revendre pour 1 euro symbolique à Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande. Les pertes avaient toutefois été réduites ces deux dernières années, passant de 2,35 millions d’euros en 2013 à 500 000 euros prévus en 2015. Sa diffusion avait, elle, reculé de 12,5 % depuis 2010, les ventes étant passées sous la barre des 300 000 exemplaires.
 
Deux offres de reprise étaient arrivées sur le bureau de l’administratrice judiciaire, mais ont été jugées insuffisantes. D’autres investisseurs potentiels avaient étudié le dossier, sans finalement déposer d’offre. La marque Têtu devrait elle être mise aux enchères à la rentrée. « On espère que ça tombera dans des mains bienveillantes », a souhaité Yannick Barbe.
 
Mercredi, le rédacteur en chef adjoint, Sylvain Zimmermann, avait lui jugé « inacceptable » que le magazine s’éteigne. « Têtu a donné une visibilité à l’homosexualité partout en France, il a souvent permis [aux gays] de faire leur coming out. C’est un magazine d’utilité publique », avait-il plaidé.