Georges Kanuma a succombé à une crise de paludisme. Son décès intervient un an après la pénalisation des relations entre personnes du même sexe dans le pays.
«Tant que je serai en vie, je me battrai pour le respect des droits des homosexuels, qui souffrent, meurent, se suicident parce qu’ils ont une orientation sexuelle naturellement différente.» Georges Kanuma, qui se confiait en ces termes à TÊTU le 25 février, a tenu parole. Jusqu’à son dernier souffle, le 14 avril, à Bujumbura, la capitale burundaise.
«Il a fait une grave crise de paludisme qui a infecté ses reins. Il avait besoin d’une dialyse mais c’était impossible au Burundi», nous a révélé Francesca Belli, responsable du plaidoyer chez l’association française Aides.
Aides et Sidaction se sont mobilisées pour évacuer Georges Kanuma à Nairobi (Kenya), mais il a succombé. Les militants LGBT pleurent un homme «courageux, souriant, altruiste, généreux…»
Un an après la pénalisation
L’ex-président de l’Association pour le respect des droits des homosexuels au Burundi, et que TÊTU avait déjà rencontré dans le cadre du dossier «Des homos africains au grand jour» (n°141, février 2009), était très engagé dans la lutte contre le sida chez les «HSH», les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, selon la terminologie des associations évoluant en Afrique.
Une lutte qui s’est révélée plus ardue avec la pénalisation de l’homosexualité, le 22 avril 2009(lire article). Car désormais, les relations entre personnes de même sexe sont passibles de deux ans de prison.
Georges Kanuma avait dénoncé une criminalisation destinée à glaner des voix pour la présidentielle de juin 2010. Résultat: «J’ai été menacé plusieurs fois par des hommes du parti au pouvoir, mais j’ai tenu bon», nous confiait-il encore. D’autant que depuis la promulgation de la loi, le militant de 38 ans avait constaté une hausse de la persécution et des homosexuels cherchant l’exil.
Retour à la case placard
En outre, «beaucoup d’organisations de droits humains ont une réticence à nous appuyer.» Par sécurité, plusieurs militants sont par ailleurs rentrés dans le placard. Ardho est ainsi devenue Humure («N’aie pas peur», en kurundi), «agréée car elle combat toute forme de discrimination – sans mentionner la défense des homosexuels», déplorait Georges Kanuma.
Il a donc fondé il y cinq mois Rainbow Candle Light, réunissant «des personnes qui voulaient militer en étant ouvertement gay». Aujourd’hui, ce collectif travaille avec Humure, qui s’est entre-temps recentrée sur la cause LGBT, et avec l’Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida. Mais sans Georges Kanuma.