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 d’ADHEOS

Par 85 voix pour, 24 contre et deux abstentions, le Danemark est devenu aujourd’hui le huitième pays d’Europe à ouvrir le mariage à tous. Retour sur la longue histoire gay-friendly de ce pays.
 
l aura fallu attendre 23 ans. Plus de deux décennies pour voir enfin disparaître une des dernières discriminations, inscrites dans la loi danoise. En 1989, le royaume scandinave était devenu le premier pays au monde à autoriser l’union civile des couples homosexuels. Mais le texte était clair: il interdisait aux couples gays et lesbiens de s’unir à l’église. A partir du 15 juin, les homosexuels danois devraient avoir les mêmes droits que les hétéros: ils pourront choisir de se marier à la mairie, ou à l’église.
 
«Historique»
Le texte de loi a été voté aujourd’hui par les députés, par 85 voix (24 contre, deux abstentions) est «historique» selon le ministre danois des Cultes, Manu Sareen. L’Association LGBT danoise approuve. Mais elle aussi ne peut s’empêcher de constater qu’il aura fallu attendre bien longtemps avant d’y arriver, dans un royaume qui a pourtant été un précurseur dans la lutte pour l’égalité des droits.

Le poids de l’Eglise d’Etat
Le partenariat civil a longtemps créé «une division institutionnalisée entre la minorité et la majorité» Pourquoi, alors, avoir attendu 2012 pour supprimer une des dernières discriminations inscrites dans la loi? Søren Laursen, spécialiste des questions juridiques à l’association LGBT danoise, met en cause le «partenariat». Il admet que «la loi a joué un rôle énorme pour les gays, lesbiennes et bisexuels, qui ont largement été en mesure de sécuriser leurs relations familiales, de la même manière que pour les autres». Mais, précise-t-il, elle a aussi «eu un prix». Celui d’avoir créé «une division institutionnalisée entre la minorité et la majorité».
 
Sans compter le rôle déterminant de l’Église luthérienne-évangélique, qui dispose du statut d’Église d’État au Danemark et s’est longtemps opposée à toute modification de la loi. Car autoriser le mariage des couples gays et lesbiens signifiait de fait le droit pour les homosexuels de choisir de se marier à l’église. Une possibilité à laquelle s’opposent toujours un tiers des prêtres danois et quatre des dix évêques du royaume.
 
Le prêtre peut refuser
La majorité de centre-gauche, arrivée au pouvoir en septembre 2011, avait fait du mariage gay une de ses promesses électorales. Face à l’opposition de certains membres du clergé, le ministre des Cultes, Manu Sareen, n’a pas hésité à hausser le ton. A tel point que certains experts, en décembre, évoquaient la possibilité d’une séparation de l’Église et de l’État. Finalement, le texte de loi autorise les prêtres à refuser de marier un couple homosexuel, obligeant sa direction cependant à lui trouver un remplaçant.
 
Les débats de cette année au parlement ont connu un incident: lorsque le Parti du peuple danois (extrême-droite) avait annoncé qu’il voterait contre le texte, une députée de gauche de gauche en colère avait comparé l’attitude du président de la formation au parlement, un prêtre d’ailleurs, à celle d’un «imam en Arabie Saoudite». Des propos qui avaient fait scandale.
En 1999, le Danemark été le premier pays au monde à reconnaître le principe de l’homoparentalité, en autorisant les homosexuels à adopter les enfants de leur conjoint. En 2006, Copenhague a légalisé l’insémination artificielle pour les lesbiennes. Et trois ans plus tard, le pays a ouvert l’adoption aux parents de même sexe.