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 d’ADHEOS

Candidat à l’entrée à l’Union européenne, le pays des Balkans vient d’interdire le festival LGBTQI+ prévu en septembre, sous la pression de la société civile et de l’Eglise orthodoxe. Un collectif d’associations, dont Aides et SOS Homophobie, appelle la France et l’UE à réagir.

Samedi 27 août, le président de la République de Serbie Aleksandar Vučić a annoncé l’annulation de l’Europride de Belgrade. Cette annonce fait suite à plusieurs manifestations LGBTQIphobes menées notamment par des mouvances de l’Eglise chrétienne orthodoxe serbe. Dès 2012, le patriarche Irinej – mort en novembre 2020 qualifiait la manifestation de «marche de la honte». Les organisateurs·trices (l’European Pride Organisers Association) pourtant les seul·e·s légitimes à décider de la tenue ou non de l’évènement, maintiennent le programme du festival et la marche.

Nous ne devons pas être dupes des déclarations du président serbe, qui invoque des problèmes liés à l’énergie, à l’alimentation ainsi que des tensions au Kosovo. En effet, bien que des défis majeurs attendent la Serbie en ces temps difficiles, la réalité est là : l’annulation de l’Europride est la conséquence d’une présidence serbe autoritaire aux pratiques liberticides, fragilisant les droits fondamentaux et la liberté d’expression.

Instrumentalisée

Vieille de trente ans, l’Europride est une manifestation paneuropéenne revendicative, sportive et artistique, donnant visibilité, liberté et égalité aux publics LGBTQI+. Cette annulation, anticonstitutionnelle, est une attaque LGBTQIphobe, franche et directe, envers les minorités queers. Cela n’est pas surprenant. Alors que le combat pour la visibilité LGBTQI+ continue, la société serbe reste dans l’ensemble plutôt conservatrice et réactionnaire. Dans ce pays qui ne reconnaît légalement ni les couples homosexuels, ni l’homoparentalité, 40% de la population estime que l’homosexualité est une maladie (Institut national démocratique, Washington, 2015). Les publics jeunes LGBTQI+ y préfèrent souvent l’exil. Entre 2019 et 2020, la PMA y fut d’ailleurs interdite pour les couples ayant eu «une histoire récente de relation homosexuelle».

Alors que la désignation d’Ana Brnabić comme Première ministre représentait un symbole, elle en est devenue un mirage. Présidente du gouvernement depuis 2017, cette personnalité politique lesbienne n’a pas mené la nécessaire bataille pour les familles LGBTQI+ et monoparentales. Instrumentalisée par le Président Vučić – ancien membre du Parti d’extrême droite SRS –, c’est suite à sa renomination qu’elle avalise l’annulation de l’Europride de Belgrade.

Embûches

Alors que la Serbie candidate à l’entrée dans l’Union européenne, elle doit respecter les textes auxquels elle prétend adhérer, notamment la Charte des droits fondamentaux de l’Union (annulation contraire aux articles 21, 13 et 14) ainsi que les normes et mécanismes du Conseil de l’Europe.

Alors que les LGBTQIphobies ressortent plus puissantes que jamais dans divers Etats-membres (ex : Pologne, Hongrie) et qu’en France le chemin pour l’acceptation est encore semé d’embûches, alors que l’Europride et l’EPOA annoncent que la marche du 17 septembre aura bel et bien lieu à Belgrade malgré l’annulation, l’Union, le Conseil de l’Europe et la France doivent prendre leurs responsabilités pour soutenir les minorités LGBTQI+.

Nous, associations, collectifs et ONG signataires, apportons notre soutien inconditionnel aux organisations de l’Europride de Belgrade et de l’EPOA. Il est du devoir du président de la République française, de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’ambassadeur de France de réagir et intervenir afin de préserver l’intégrité et la visibilité des droits LGBTQI+ en Europe et dans le monde.

Texte signé par : Saint-denis LGBTQI+, Inter LGBT, AIDES, SOS Homophobie, Centre LGBT Paris Ile-de-France, Fierté Marseille Organisation /Pride Marseille, Centre LGBT de Vendée, Pride Toulouse, Nosig, Centre LGBTQIA+ de Nantes, Couleurs gaies, Les Bascos, Nos couleurs LGBT+ Landes, Kap Caraïbe, Girofard, Homogène Centre LGBTI+ Le Mans, Fiertés Lille, Fédération LGBTI+, LGBT+ 66, L’Arène des fiertés, Centre LGBTI du Poitou, ExAequo Reims, Les oubliés de la mémoire, Bi’Cause, FLAG !, Gare !, Les Séropotes, ASMF, Gai Moto Club, ADFH, Fédération sportive LGBT, GreyPride, Le Mag, Les Jeunes européens – France, Romain Burrel – Journaliste, spécialiste de questions LGBTQIA+, Jean-Luc Roméro-Michel, Président d’Elus locaux contre le SIDA, Sébastien Tuller, militant des droits humains