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 d’ADHEOS

Les personnes transgenres sont de plus en plus victimes d’actes de discriminations, appelée transphobie. Mais qu’est-ce que cela veut réellement dire ?

Malgré une plus grande acceptation (tout de même minime) la société reste majoritairement transphobe. Les personnes transgenres sont victimes, à longueur de journée, de transphobie et d’actesde discriminations.

Transphobie : définition

On parle de transphobie dès lors que des personnes (femmes ou hommes, le plus souvent cisgenre ou en dehors de la communauté LGBT) ressentent de l’aversion, voire de la crainte envers les personnes transgenres, plus communément appelées “trans”. On parle ainsi d’individus transphobes.

De fait, une personne transgenre est un individu qui ne se reconnait pas dans le genre qu’on lui a attribué à la naissance. Dans la société européenne, l’identité féminine est représentée par la douceur, le calme, l’esthétique, la coquetterie, tandis que l’identité masculine est représentée par la force, le courage, la compétition.

Pour l’exemple, des personnes nées femmes (en fonction de leurs attributs génitaux) peuvent se sentir hommes, et des personnes nées hommes, peuvent se sentir femmes. Pour autant, ce n’est pas une généralité, car certains trans ne se sentent ni femme, ni homme. C’est un sentiment qui ne se contrôle pas, qui ne se choisit pas et qui est ancré au plus profond de la personne. Il est très important de faire la distinction entre le sexe et l’identité de genre, qui ne renvoient pas du tout à la même chose.

Néanmoins, une personne trans peut tout à fait être homosexuelle, asexuelle, bisexuelle, etc. En effet, l’orientation sexuelle n’a, ici, rien à voir. C’est d’ailleurs en partie pour cela que le terme transsexuel n’est plus utilisé.

Au contraire, les personnes qui se sentent en accord avec leur sexe et leur genre, sont appelées cisgenre ou cis.

Le mot transgenre trouve son origine en Allemagne, et fait son apparition au début du XXe siècle. Le médecin allemand, Magnus Hirschfeld, vient en donner la définition et l’attribue aux “personnes exprimant le sentiment que leur sexe anatomique ne correspond pas à celui auquel elles ont l’impression d’appartenir”.

Dès 2013, “transphobie” fait son apparition dans le dictionnaire anglais, alors qu’il faudra attendre sept ans de plus, soit en 2020, pour que le mot s’invite dans le dictionnaire francophone.

Transphobie : discrimination à deux niveaux

La transphobie se retrouve dans des actes de violences physiques et/ou verbales. Malgré une démocratisation dans la société, la discrimination envers les personnes transgenres est toujours présente, qu’elle soit directe ou indirecte, comme le distingue le chercheur Arnaud Alessandrin.

Discrimination directe et indirecte

On parle de transphobie directe quand un individu s’attaque à une personne en raison de sa transidentité connue. Elle s’oppose à la transphobie indirecte, qui, elle, concerne un individu qui s’attaque aux personnes transgenres en général, en se basant sur ses propres perceptions et ses stéréotypes.

Ainsi, beaucoup de personnes trans sont victimes de discriminations en raison de ce qu’elles sont. Les transgenres sont beaucoup moins embauchés, se retrouvent sans emploi, sont travailleurs du sexe par obligation, sont victimes de violences en prison, etc.

Pourtant, l’article 10 du Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne de 1992 indique expressément que “dans la définition et la mise en œuvre de ses politiques et actions, l’Union cherche à combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle.

On parle également souvent de “mégenrage” qui est également une forme de discrimination. Elle consiste à se tromper d’une manière volontaire ou involontaire lorsque l’on s’adresse à quelqu’un. Appeler des femmes “madame”, alors qu’ils sont des hommes, et inversement, ou bien utiliser le mauvais pronom personnel (il ou elle). Cette discrimination est la plus répandue.

La transphobie tue

Malheureusement, ces discriminations et ces violences vont encore plus loin car, chaque année, ce sont des centaines d’individus trans qui sont tués. Selon l’organisme Trans Respect Versus Transphobia, 2115 personnes transgenres ont été tuées entre le 1er juillet 2008 et le 30 avril 2016.

En France, 85 % des personnes trans auraient déjà subi des discriminations, des insultes, des violences, etc. Entre 2016 et 2017, l’association SOS Homophobie aurait remarqué une hausse de 53 % concernant le nombre de signalements d’agressions de personnes transgenres.

Dans la plupart des cas, les personnes trans sont déjà très mal dans leur peau. La transidentité, souvent définie comme une dysphorie de genre, n’est pas toujours facile à vivre et peut nuire à la santé mentale des personnes. Généralement, elles n’ont pas confiance en elles et se cherchent continuellement.

C’est pourquoi, malheureusement, de nombreuses personnes trans sont sujettes à des pensées suicidaires, et même des passages à l’acte. Selon la Commission de la Santé Mentale du Canada, une personne pourrait se faire du mal si :

  • ses plaisirs antérieurs ne lui procurent plus que du désintérêt
  • elle perd tout contact avec les personnes qui étaient proches d’elle
  • elle abuse de la drogue ou de l’alcool
  • elle change complètement ses habitudes, notamment de sommeil ou alimentaires

Dans ce cas, il faut bien la surveiller, lui apporter du soutien, ne pas hésiter à communiquer avec elle et surtout lui enlever les objets avec lesquels elle pourrait se faire du mal.

Néanmoins, on observe une baisse considérable des pensées suicidaires entre avant et après la transition chirurgicale.

La transphobie au regard de la loi

En France, la transphobie est punie par la justice, selon la loi du 6 août 2012. Comme toute autre victime, une personne trans a des droits et des devoirs, et peut donc porter plainte (dans un délai de trois ans) pour tout acte transphobe, qu’il soit verbal ou physique. La plainte est prise obligatoirement.

L’auteur d’une discrimination peut ainsi écoper jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Néanmoins, si l’auteur de la discrimination est un agent public ou un responsable d’un lieu accueillant du public, alors la peine peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Transphobie dans les médias

On pourrait croire le contraire, mais la transphobie dans les médias est également bien présente, et presque assumée. Selon le site de SOS Homophobie, le 30 septembre 2022, le rappeur Booba twittait : “Si mon fils rentre de l’école un jour et me dit qu’il s’appelle “Mireille”, on va avoir un sérieux problème”. Ce que Cyril Hanouna s’est empressé de récupérer dans son émission où l’on pouvait entendre beaucoup de chroniqueurs cracher leur transphobie.

Quelque temps plus tard, c’est au tour de M6 d’être dans la tourmente après leur documentaire “Trans, uniques en leur genre” suivi de leur débat “Enfants trans, que faire ?” qui a permis a de nombreux invités de tenir des propos honteux à ce sujet.