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 d’ADHEOS

Alors que Flag! questionnait un général sur une enquête pour harcèlement, celui-ci a exigé la preuve que la victime présumée était membre de l’association des gendarmes et policiers LGBT. Pour Flag, c’est une atteinte aux droits individuels.
 
«En dix ans d’existence, c’est la première fois que nous sommes face à une telle provocation et tentative d’intimidation», déplore Mickaël Bucheron, président de Flag!, l’association des policiers et gendarmes LGBT. La raison de sa colère: un courrier du général Laurent Tavel, commandant la région de gendarmerie de Midi-Pyrénées.
 
Adjudant harcelé
L’affaire en cause commence en 2011. À la fin de l’année, Flag! est contacté par un adjudant de gendarmerie qui s’estime victime de harcèlement en raison de son orientation sexuelle de la part de deux collègues. Celui-ci avait déjà signalé ce problème à sa hiérarchie et écrit à la présidence de la République et une enquête avait été lancée. Début février, Flag! décide de contacter à son tour le commandement de gendarmerie de Midi-Pyrénées, afin de prendre des nouvelles du dossier.
 
La réponse, officielle, tombe peu de jour après: «Tout d’abord, pour m’assurer de la légitimité de votre démarche, je souhaite disposer des justificatifs relatifs à la qualité d’adhérent à votre association de l’adjudant, ainsi que sa demande pour le représenter dans ce dossier», écrit le général dans un courrier dont TÊTU a obtenu copie.
 
Atteinte aux droits individuels et associatifs
«C’est ahurissant, dénonce Mickaël Bucheron. Nous ne sommes pas un syndicat, interdit dans la gendarmerie, mais une association de loi 1901. Un gendarme peut y adhérer sans en rendre compte à qui que ce soit. C’est une atteinte aux droits individuels et associatifs. Nous avons écrit au général en tant qu’association, il n’avait pas d’obligation légale de nous répondre. S’il a décidé de nous faire cette demande, que même la présidence de la République ne nous a pas faite, c’est clairement pour nous intimider». Et selon Mickaël Bucheron, ces tentatives d’intrusion dans le fichier d’adhérents de Flag! condamnent les policiers et gendarmes LGBT au placard et les dissuadent de rejoindre l’association.
 
Du côté de la gendarmerie de Midi-Pyrénées, on ne voit pas où est le problème. «Notre demande n’a rien de singulier, déclare le responsable des ressources humaines. Si l’adjudant a décidé de s’adresser à Flag!, c’est son choix. Nous demandons simplement des éléments de réponse pour y voir plus clair dans le dossier.»
 
«Tentative d’intimidation»
Flag! débusque une autre «tentative d’intimidation» dans le fameux courrier: le commandement de la gendarmerie l’a également adressé au procureur de la République de Toulouse, au motif que la demande de Flag! «met en cause nommément, deux officiers». Pour l’association, la phrase sous-entend une accusation de dénonciation calomnieuse. «Ça n’a pas lieu d’être, estime Mickaël Bucheron. Une enquête officielle est menée, le nom des deux officiers mis en cause est connu. On ne dénonce personne.» «On n’accuse personne de quoi que ce soit», répond-on à la gendarmerie.
 
Pendant ce temps, l’enquête pour harcèlement suit son cours et échappe à la présumée victime et à Flag!. «Nous ne souhaitons pas de guerre, explique Mickaël Bucheron. Mais quand on voit ce que provoque une simple demande de renseignements, nous nous posons réellement des questions sur le dialogue social dans la gendarmerie.»