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 d’ADHEOS

Le collectif demande l’interdiction du premier colloque scientifique international, en France, sur la gestation pour autrui.
 
Pour la première fois, en France, doit se tenir jeudi et vendredi prochains un colloque scientifique international sur la gestation pour autrui (GPA). Enfin ! serait-on tenté de dire tant le sujet est, l’essentiel du temps, davantage abordé par des idéologues que par des chercheurs. De fait, ce colloque dont l’objectif est de mettre à plat cette pratique, son développement dans le monde et ses impacts, est organisé par le gratin hexagonal de la recherche en sciences humaines : l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’Ecole de hautes études en sciences sociales (EHESS), l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’université Paris 2 Panthéon-Assas et le Muséum national d’histoire naturelle. Sont aussi conviés des chercheurs étrangers appelés à présenter la situation de la GPA dans leurs pays (Etats-Unis, Inde, Australie, Royaume-Uni, Mexique, Bulgarie, Belgique, etc.). Las, le colloque n’a pas même eu lieu que la Manif pour tous commence déjà à balancer ses seaux de boue sur cette entreprise destinée à éclairer la connaissance.
 
Une pétition est d’ores et déjà en ligne sur son site demandant l’interdiction pure et simple de la manifestation; voilà aussi la région Ile-de-France sommée de retirer son financement au colloque (la faramineuse somme de 4 000 euros); tandis que circule sur Twitter et des sites amis une prose anti-colloque digne d’un meeting de Donald Trump. Au choix : «Il est évident, hélas, que l’objectif de ce colloque n’est pas celui d’une lutte sans merci contre toutes les formes de GPA alors que, quelles que soient ses modalités, cette pratique scandaleuse réduit la femme à un outil de production et son enfant à un produit.» Ou encore: «La GPA ne saurait donc être un sujet dont on discute comme de n’importe quel autre : la seule finalité possible d’un colloque ou de toute autre réunion consacrée à ce sujet ne peut être que d’étudier les moyens de combattre concrètement cette pratique inhumaine.» «La GPA, c’est comme l’esclavage : on ne l’encadre pas, on l’interdit suivant l’expression de Sylviane Agacinski.». Pour mémoire, la GPA est interdite en France depuis 1994, mais bon…
 
Sans mollir, la Manif pour tous qualifie de «crime» la GPA. Et les intervenants sont accusés d’être «favorables à la GPA dès lors qu’elle serait prétendument "éthique" : comme si la GPA pouvait l’être !». Encore un peu ? «Ce colloque n’est pas de nature scientifique : militant, il cherche à banaliser et normaliser la GPA.» Ça sent mauvais ? Oui. Vouloir faire taire des scientifiques ne manque pas d’air. Vouloir mettre le couvercle sur un sujet aussi. D’autant que la Manif pour tous ne se prive pas, elle, de l’aborder et encore récemment lors de son défilé du 16 octobre avec son slogan «Nos ventres ne sont pas des caddies». A croire que la Manif pour tous serait la seule à avoir le droit de disserter sur le sujet. Et, pas de façon militante, ça va de soi.
 
Face à tant de hargne, l’Institut de recherche juridique de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne – coorganisatrice du colloque — a réagi aujourd’hui sur Twitter: «Pour ceux qui n’ont pas suivi ni bien lu (ça arrive) mais se sont focalisés sur le sujet, c’est un colloque scientifique international.» Sobre. Comme il faut. 
 
La présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a elle aussi répondu aux vociférations de La Manif pour Tous, déclinant toute responsabilité dans l’organisation de ce colloque, décidé par un jury scientifique mis en place par la précédente équipe régionale. Dans un courrier adressé au collectif ce mercredi matin, que Libération a consulté, l’élue rappelle la position de l’équipe en place, fermement opposée à la GPA et à «toute forme de marchandisation des corps», comme si là était le débat… Et d’ajouter : «L’exécutif régional ne saurait être engagé par aucune des prises de position exprimées au cours de ce colloque, qui relèvent de la seule responsabilité de leurs auteurs».