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 d’ADHEOS

Une marée multicolore a envahi les rues du centre de Madrid samedi 4 juillet pour la gay pride, la plus grande fête de la capitale espagnole, où l’on célèbre les dix ans du mariage gay cette année.
 
Un groupe d’adolescentes agitant des éventails plaisante avec des policiers place Cibeles, où la mairie — dirigée depuis le 13 juin par Manuela Carmena, une « indignée » — a déployé pour la première fois un drapeau arc-en-ciel.
 
Le cortège multicolore et multilingue — Madrid a reçu pour l’occasion 300 000 visiteurs selon les hôteliers — s’est ébranlé tard, vers 19 heures. Plus d’1,5 million de personnes étaient attendues par les organisateurs de la plus grande Gay Pride d’Europe.
 
Encore du chemin à parcourir
 
Les célébrations ont démarré dès mercredi avec des concerts de rue, des expositions, des concours de beauté et une course de drag-queen en talons aiguille. Batucada (concert de tambours), sevillanas et musique techno : tous les airs étaient entendus, 46 ans après la naissance à New York du mouvement de libération des gays, lesbiennes, transexuels et bisexuels (LGBT).
 
Hector Monteiro, arrivé de Valence, danse, drapé dans le drapeau arc-en-ciel. Il a 49 ans et est fier de raconter qu’il s’est déjà marié ou pacsé deux fois. La première, en juin 2007, « c’était très fort ». « J’ai senti que je faisais partie de cette société », se souvient-il. Il s’est marié en Espagne, car en Uruguay, son pays d’origine, ce n’était pas possible. Là-bas, se souvient-il, il fut un temps où « si on te voyait embrasser un homme, on te fichait ». Il y a encore du chemin à parcourir pour les droits LGBT mais le « plus important est fait », poursuit-il en se félicitant de la légalisation cette semaine du mariage homosexuel aux Etats-Unis, bien qu’il « manque la Russie, la Chine, le Japon, les pays musulmans… »
 
Non loin de lui, son compagnon Alvaro, 29 ans, estime que même en Espagne, des progrès doivent encore être réalisés. « Chez moi, je n’ai jamais pu présenter de fiancé. Tout doit rester caché », dit ce grand blond, agent immobilier à Valence, préférant ne pas donner son nom de famille. « Mes parents n’ont pas du tout apprécié ».

Un des pays les plus avancés
 
« La gay pride c’est aussi la défense des droits et libertés, une rébellion contre l’oppression », estimait non loin de là Raquel Sanudo, 38 ans, tenant une pancarte où l’on pouvait lire « Erotique, pas névrotique ».
 
Dix ans après la loi autorisant le mariage homosexuel en Espagne, plus de 30 000 couples en ont profité, selon des données officielles. Francisco Perez, 49 ans, a gardé un souvenir de l’époque, un t-shirt avec un gros signe « égal », en rose, symbole du mariage gay. « Une relique », dit-il : « Je l’ai conservée depuis dix ans. »
 
En étant le troisième pays à légaliser le mariage gay, après la Belgique et les Pays Bas, l’Espagne — pays très catholique où être homosexuel était encore pénalisé en 1979 — est devenue l’un des pionniers sur le front des droits des homosexuels. Dix ans plus tard, selon un sondage réalisé par le Pew Research center, c’est une des nations les plus tolérantes à l’égard de l’homosexualité : 88 % des citoyens considèrent qu’elle est « socialement acceptable », contre 60 % des Américains par exemple.