«L’enfer est pavé de bonnes intentions», dit un dicton indémodable. Car c’est pour Votre Bien (et accomplir la volonté de Dieu) qu’un nombre incalculable de charlatans veulent vous guérir de la pire des maladies: l’homosexualité.
Il a été enchaîné. Frappé avec des planches, des bâtons, des tuyaux en plastique. Forcé d’avaler ses selles. Electrocuté au Taser. Affamé. Déshydraté. Etouffé. Raymond Buys, un adolescent sud-africain de quinze ans, a été transféré bien trop tard à l’hôpital. Il agonise. Les lésions cérébrales l’ont plongé dans le coma, il est chauve, a le corps bardé de bleus et de brûlures et un bras cassé en deux endroits. Raymond Buys et son tortionnaire, Alex De KokerSa mère voulait en faire un homme, un vrai. Au fond d’un lit d’hôpital, en cette année 2011, elle retrouve un fils défiguré par les sévices. Raymond s’éteindra quelques jours à peine après avoir été admis aux soins intensifs. Le procès de ses bourreaux présumés, qui dirigeaient le camp paramilitaire des Echo Wild Game Rangers, a commencé fin avril 2013 en Afrique du Sud. Soupçonnés de sympathies avec les Gardes de fer, une milice néonazie sud-africaine, ils devront répondre de la mort de deux autres jeunes recrues du camp, Erich Calitz et Nicholas van der Walt.
Maltraitance
Cette affaire horrible rappelle que pour certains, l’homosexualité est toujours une maladie dont on peut guérir. Et peu importe que les traitements infligés soient ridicules, sadiques voire mortels, et peu importe qu’ils échouent, ils continuent d’exister un peu partout dans le monde. Les exemples sont innombrables, en voici deux: la Malaisie a envoyé une soixantaine de garçons âgés de 13 à 17 ans dans un camp de rééducation: leur comportement était jugé efféminé. Et en Equateur, près de 200 établissements illégaux feraient subir des «cures» à des jeunes femmes soupçonnées d’être lesbiennes en les enfermant et en les maltraitant des mois, voire des années.
Ceux qui organisent, qui financent, qui animent ces thérapies, ces cures, ces camps, ces traitements, ceux-là sont, au mieux, des charlatans qui exploitent le mal-être profond des homosexuels rejetés. Au pire, ce sont des assassins. Ils poussent au suicide. Ils maltraitent. Ils torturent. Et ils le font en toute bonne conscience. A Johannesburg, les assassins de Raymond, Erich et Nicholas ont plaidé non-coupable. Ne restons pas silencieux face à leur ignoble idéologie.
- SOURCE 360 CH