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 d’ADHEOS

Dans un arrêt rendu le 18 août, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé illégale la législation hongroise interdisant la diffusion de contenus liés à l’homosexualité et à la transidentité auprès des mineurs.

Adoptée en 2021 et défendue par Viktor Orbán au nom de la « protection de l’enfance » et de la lutte contre la pédophilie, la loi prohibait toute représentation « divergent[e] par rapport à l’identité propre correspondant au sexe à la naissance, le changement de sexe ou l’homosexualité ». Dès son adoption, elle avait suscité de vives critiques à Bruxelles et parmi les défenseurs des droits humains, qui y voyaient une stigmatisation institutionnelle des minorités sexuelles.

La CJUE a estimé que cette restriction était « disproportionnée » et « incompatible avec les valeurs fondamentales de l’Union », en particulier la liberté d’expression et la protection des minorités contre la discrimination. « Interdire l’accès à des informations sur les orientations sexuelles et l’identité de genre constitue une limitation excessive des droits fondamentaux », souligne le communiqué de la Cour.

Une politique répressive inscrite dans la durée

Cette condamnation intervient alors que Budapest multiplie depuis plus d’une décennie les mesures conservatrices : interdiction constitutionnelle du mariage entre personnes de même sexe, suppression de la reconnaissance légale du changement de genre, puis adoption de la loi anti-LGBT en 2021.

En mars dernier, le Parlement hongrois a franchi un nouveau cap en modifiant en urgence le droit de réunion. Tout rassemblement jugé contraire à la « loi sur la propagande LGBT » pouvait désormais être interdit, ouvrant la voie à une censure quasi totale de l’espace public.

La 30ᵉ Marche des fiertés de Budapest, prévue le 28 juin, a ainsi été officiellement bannie par le gouvernement, avec menaces d’amendes à la clé. Mais le maire de la capitale, Gergely Karácsony, a décidé de la maintenir en la déclarant « manifestation municipale », échappant ainsi à l’interdiction.

Une mobilisation populaire historique

Malgré les menaces et un important dispositif policier, près de 200 000 personnes ont finalement défilé dans les rues de Budapest. Une participation record, soutenue par 33 pays, qui a transformé la Pride en acte de défiance massif face aux dérives autoritaires du pouvoir.

Une victoire juridique, mais un combat inachevé

L’arrêt de la CJUE envoie un signal clair : aucun gouvernement ne peut bafouer les droits fondamentaux au nom d’idéologies nationales. Pour les associations, il constitue une arme juridique décisive. Mais tant que Budapest n’aura pas révisé sa législation, les militants rappellent que la vigilance reste indispensable : une victoire symbolique ne se traduit pas toujours par un changement immédiat sur le terrain.