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 d’ADHEOS

Tout se retourne très vite en politique. Mardi, Christiane Taubira était la reine de l’Hémicycle. Elle tenait son public. Avec quelle maestria ce petit bout de femme, strict chignon vissé derrière la tête, déclamait son plaidoyer en faveur du mariage pour tous !
 
Nul bout de papier pour lui venir en aide. Pas de regard en biais pour récupérer un mot. La garde des sceaux avait tout appris par cœur. Le regard planté loin devant elle, elle déclamait son discours avec une tranquille assurance.
 
A l’entendre, le mariage pour tous était la suite logique d’une histoire entamée il y a deux siècles, une lente évolution vers "l’égalité" des droits "dans un mouvement général de laïcisation de la société", un parachèvement des acquis républicains. Qui pouvait le contester ? La droite, hostile, en était restée comme médusée .
 
Aujourd’hui , changement d’ambiance. L’opposition a repris du poil de la bête. Elle crie : "démission ! démission !", accuse la garde des sceaux d’avancer masquée et de tromper son monde.
 
Christiane Taubira, mardi à l’offensive, se retrouve le lendemain dans les cordes. Elle a brutalement atterri. Elle ressemble à une reine déchue, obligée de reconquérir le terrain millimètre par millimètre à la suite d’une maladresse qu’elle a signée de sa main.
 
Le texte qui porte sa signature n’a a priori pas grand-chose à voir avec le débat. C’est une circulaire qui vise à régler le cas des "fantômes de la République", ces enfants conçus à l’étranger par gestation pour autrui et auxquels on refuse la nationalité française. Christiane Taubira demande aux tribunaux de ne plus le faire. Une quarantaine de cas sont en jeu.
 
C’est à la fois peu et trop pour l’opposition qui aussitôt fait le lien avec le projet de mariage pour tous. L’UMP accuse la garde des sceaux d’être favorable à la gestation pour autrui, une pratique aujourd’hui totalement interdite en France. L’intéressée s’en défend mais peine à contenir le flot des attaques.
 
D’un coup tous les fantasmes brandis par la droite autour du projet de loi ressortent de leur boîte: "votre circulaire c’est la porte ouverte aux mères porteuses et à une marchandisation des corps qui changera profondément notre société, s’exclame l’UMP Henri Guaino.
 
Les socialistes comptent les points en déplorant que la circulaire Taubira soit sortie aussi vite des cartons.
 
Le match ne fait que commencer.