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 d’ADHEOS

Pour la discrète communauté gay de la péninsule, les bouleversements actuels ne changent rien à leur situation, précaire. Trois d’entre eux témoignent.
 
Vladimir 27 ans, partage un petit duplex avec son «mari», Pavel, un médecin de 29 ans. Ces deux gays, interrogés par NBC News, reconnaissent avoir voté différemment lors du référendum sur l’avenir de la Crimée, dimanche. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne s’est fait la moindre illusion en glissant son bulletin dans l’urne…
 
Le couple s’est rencontré via internet en 2007 et ils se sont mariés trois ans plus tard. La cérémonie était célébrée par un pasteur canadien de passage en Ukraine. Comme la plupart des gays de Simferopol, capitale de la province séparatiste, ils maintiennent une vie discrète. A leurs voisins, ils ont laissé entendre qu’ils étaient frères – mais dans le quartier, personne n’est vraiment dupe, admettent-ils.
 
«Poutine ou le chaos»
Vladimir a voté pour le rattachement à la Russie. Faisant écho à la propagande du Kremlin, il estime que les mouvements qui ont pris le pouvoir à Kiev sont des «fascistes». «Je préfère la dictature de Poutine au chaos», explique le jeune homme, très marqué par une agression dont il a été victime il y a deux ans. Un groupe d’une quinzaine d’hommes l’avaient passé à tabac, un soir près du marché de Simferopol.
 
Pavel, quant à lui, fait partie des 3% de votants qui ont réclamé de rester en Ukraine. La crainte principale du médecin est que la Crimée devienne une nation paria, «comme l’Abkhazie» (ndlr: la province géorgienne devenue un satellite de Moscou après un coup de force de Vladimir Poutine contre Tbilisi, en 2008).
 
Quotidien truffé d’incertitudes
Pour tous les deux, les lois contre la «propagande gay» en vigueur en Russie ne sont qu’une crainte supplémentaire dans un quotidien déjà truffé d’incertitudes.
 
Kiev ou Moscou? Certains gays de la région ne veulent même pas choisir. Pour Maxim, un gay de 29 ans, ce sera l’exil. En tout cas, dès qu’il aura rassemblé assez d’argent pour partir de l’autre côté de la mer Noire, en Turquie. Il y laissera sa mère, qui ignore son homosexualité et a voté pour le rattachement à la Russie. Employé d’une association culturelle financée par l’Ambassade des Etats-Unis en Ukraine, Maxim ne voit aucun avenir dans la péninsule, désormais russe. Il n’a même pas voté, dimanche. Pour lui, le résultat du vote «montre qu’il n’y a pas d’espoir de vivre une vie honnête et transparente» en Crimée.