Les sportifs homosexuels seront les bienvenus aux jeux Olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, mais à conditions de "respecter" la nouvelle loi russe qui interdit "la propagande de l’homosexualité", avait affirmé la semaine dernière Vitali Moutko, le ministre des sports russe qui n’a pas hésite pas à proférer des menaces : "S’ils sortent dans la rue pour faire la propagande de l’homosexualité, ils devront en répondre devant la loi", sans préciser ce qu’il entend par "sortir dans la rue".
Ces rassurantes menaces ont inquiété alors que la nouvelle loi a déjà suscité de nombreuses critiques à travers le monde, dont celle de l’acteur britannique ouvertement homosexuel Stephen Fry. Le comédien a écrit au Comité international olympique (CIO) pour lui demander de retirer à la Russie l’organisation des JO de Sotchi, accusant Vladimir Poutine d’avoir fait "des homosexuels des boucs émissaires comme Hitler l’avait fait avec les juifs".
Vladimir Poutine a promulgué en juin une loi controversée punissant tout acte de "propagande" homosexuelle devant les mineurs. Les contrevenants russes risquent une amende de 4.000 à 5.000 roubles d’amende (100-125 euros). Pour les étrangers la contravention peut aller jusqu’à 100.000 roubles (2.300 euros). Ils pourront en plus faire 15 jours de prison et être expulsés.
Fin juillet, la loi a été pour la première fois appliquée à des étrangers en Russie. Quatre Néerlandais, venus tourner un film sur les droits des homosexuels en Russie, ont été accusés de faire "la propagande de l’homosexualité". Interpellés dans un camp de vacances pour jeunes près de Mourmansk où ils participaient à une table ronde consacrée aux droits de l’Homme, ils ont été condamnés à verser chacun une amende de 3.000 roubles (70 euros).
Lors d’une conférence de presse à la veille de l’ouverture des Mondiaux-2013 le ministre des Sports a donc pensé utile de "lancer à tous un appel au calme". Vitaly Moutko a promis que "les droits de tous les sportifs et organisations sportives seront respectés". "Cette loi vise à interdire la propagande devant mineurs. Personne ne va porter atteinte aux droits des citoyens", a-t-il souligné.
Le président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, qui s’exprimait au côté de Vitaly Moutko, a soutenu le ministre en déclarant qu’il ne voyait "aucun problème concernant cette loi" et qu’il fallait "respecter" la législation russe.
L’homophobie est largement répandue en Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999.
- Source France Inter