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 d’ADHEOS

L’écuyer britannique a remporté une médaille d’or aux Jeux de Londres. Une déception pour lui qui en espérait deux de plus… mais l’occasion pour nous de découvrir ce grand athlète.
 
Même si, évidemment, il est loin d’être connu que des athlètes «valides» de sports populaires, Lee Pearson n’en est pas moins un immense athlète: depuis les Jeux paralympiques de Sydney en 2000, il a remporté chaque fois trois médailles d’or dans son sport, le dressage – une discipline de l’équitation. Il espérait faire aussi bien dans son pays, mais il n’en a remporté qu’une. Ainsi, tout de même, qu’une en argent et une autre de bronze. Mais tout en contestant l’attitude des juges cette année, il promet de ne pas s’arrêter là, et de remporter à nouveau l’or aux Jeux de Rio, en 2016. Il est déjà le 18e paralympien le plus médaillé de l’histoire.
 
Un palmarès qui aurait semblé incroyable pour qui a vu naître Lee Pearson, aujourd’hui âgé de 38 ans, atteint d’arthrogrypose multiple congénitale, une maladie rare qui a empêché le développement de ses bras et ses jambes in utero. «Avant de me présenter, on avait prévenu ma mère que ce n’était pas joli, et même si elle s’était promis de ne pas réagir négativement, de peur de ne plus jamais me revoir, elle a tout de même laissé échapper un “Oh m…”», a-t-il rapporté dans le numéro d’été du magazine gay britannique, Attitude.
 
Coming out à 20 ans
Il y raconte aussi avoir fait son coming out dès l’âge de 20 ans, et n’avoir jamais tenté de cacher son homosexualité. Il témoigne: «J’ai l’habitude de faire l’objet de la curiosité des gens, mais quand je prends l’avion pour un pays d’Europe de l’Est et qu’on me regarde comme si je n’avais rien à faire dans leur pays, j’ai envie de les insulter. C’est un peu comme la sexualité. Je vais dans des pays où être gay peut vous coûter la peine de mort. Je rencontre des tas de gens importants qui savent, que ça leur plaise ou non, que je suis gay. Je ne le crie pas sur les toits, mais je ne m’en cache pas non plus.»
 
Sur sa page du site officiel des Jeux paralympiques, il est marqué, dans la catégorie «Famille», qu’il a souscrit à un «partenariat civil» avec un certain Mark Latham. C’était il y a deux ans, et le couple avait emménagé ensemble dans une ferme anglais… mais c’est hélas déjà terminé. «C’était le grand huit, j’aurais préféré ne pas m’embarquer là-dedans», souffle-t-il aujourd’hui.
 
«Je n’en suis ni fier ni honteux»
Tandis que les écuyers donnent des ordres à leur cheval en serrant les jambes, Lee Pearson ne peut faire de même que faiblement. Il pense que cela l’aide au dressage. «J’utilise l’ensemble de mon corps, et les chevaux sont habitués à des manœuvres plus subtiles. Si je respire ou si je bouge un petit muscle, ils le comprennent.» Pas du genre à se plaindre, le para-écuyer (qui a pu se concentrer pleinement sur la compétition après avoir reçu le soutien de la fondation du cimentier français Lafarge) s’étonne lui-même d’avoir été placé dans les handicaps les plus importants.
 
Il s’étonne également que, mis à part lui et sa compatriote Claire Harvey (en volley-ball assis), il n’y ait pas d’autre sportif ouvertement homo lors de ces Jeux paralympiques. D’autant plus que «le dressage c’est comme la coiffure: c’est plein de gays!» s’amuse-t-il. Tel un monsieur Jourdain gay, Lee Pearson fait de la politique sans le savoir: «Être gay c’est comme d’être handicapé, c’est ce que je suis. Je n’en suis ni fier ni honteux. Je suis la personne la moins politisée que vous puissiez rencontrer, mais j’ai fait suffisamment dans ma vie, j’ai traversé assez d’obstacles, pour changer la perception des gens.»