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 d’ADHEOS

Laurence Rossignol est secrétaire d’État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie. Elle réplique aux attaques portées contre elle par La Manif pour tous.
Votre nomination a été vécue par les partisans de La Manif pour tous comme une "provocation". Que leur répondez-vous?
Cela tient à une phrase que j’ai prononcée : "Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents." Elle devrait pourtant faire consensus. Ma carte bleue m’appartient, ma voiture m’appartient, mais aucun être humain ne peut appartenir à quiconque, les enfants ne sont pas des choses. Les parents ont la responsabilité de protéger et éduquer leurs enfants, et cette tâche n’incombe à nul autre. Monseigneur Di Falco, avec qui je m’en suis entretenue depuis, avait expliqué la semaine dernière qu’on me faisait un mauvais procès. Il dit que les enfants appartiennent à la vie et il a raison. Mon ministère est celui de la vie. On est tous différents, mais qu’on soit puissant ou misérable, on a tous été enfant, on fait tous le même chemin, on aspire tous à bien vieillir, on s’occupe tous de nos parents dépendants ou malades. Une société ne peut vivre durablement dans le conflit sur ce qui est justement commun à tous. Et je souhaite l’apaisement.
 
Comment cela se traduira-t-il?
Je n’entretiendrai aucune polémique avec la frange la plus radicale des opposants au mariage pour tous. Les manifestations ont été importantes, beaucoup dans ce camp aussi veulent dialoguer. Il y a eu le mariage pour tous et nous en sommes très fiers, mais la famille ne vit pas que dans le Code civil. Sa dimension sociale est aussi forte. J’assume d’être une féministe à la Famille. En première ligne, du début à la fin, il y a les femmes : ce sont elles qui s’occupent le plus des jeunes enfants, qui renoncent à leur emploi ou leur carrière, elles qui, devenant grands-mères s’occupent des enfants de leurs enfants, elles qui aident ensuite leurs parents. Les familles monoparentales, les mères seules qu’on retrouve dans les couloirs des tribunaux pour mineurs, comme le raconte si bien Pierre Joxe, seront une de mes priorités. Je veux aussi être secrétaire d’État à la parentalité. Car ce n’est pas si simple d’être parent.
 
Annoncée pour 2014 puis reportée, où en est la loi sur la famille?
Nous devons continuer de légiférer, dans l’écoute et le dialogue, et surtout dans l’intérêt de l’enfant, comme l’a dit le Premier ministre. Le droit doit venir formaliser et protéger en s’adaptant aux évolutions des modes de vie. Ce ne sont pas les avant-gardes qui font le droit, c’est le mouvement de la société. J’ai confiance. Ça va dans le bon sens.
 
Comment lever les inquiétudes, notamment dans les quartiers populaires, nées de la question du genre?
Le but de l’enseignement à l’égalité est de dire aux filles "rien ne vous est fermé car vous êtes des filles", et aux garçons "on est différents, mais personne ne doit avoir le dessus sur l’autre". La cour de récréation n’est pas un espace pour des apprentis petits coqs. Les parents veulent le mieux pour tous leurs enfants, donc que leurs filles réussissent dans la vie à égalité avec les garçons. Un terrain d’entente se trouve facilement, sur cette base-là, avec toutes les familles.