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 d’ADHEOS

Ce militant avait créé au début des années 1990 le Collectif pour le contrat d’union civile et sociale, visant à donner une existence légale aux couples de même sexe.

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https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/04/30/jan-paul-pouliquen-defenseur-des-droits-des-homosexuels-et-inventeur-du-pacs-est-mort_6171599_3382.html

Jan-Paul Pouliquen, principal artisan du pacte civil de solidarité, est mort dans la commune de Trappes (Yvelines), vendredi 28 avril, à l’âge de 69 ans. Fondateur de l’association Homosexualité et socialisme dans les années 1980, cet ardent défenseur des droits des homosexuels avait ensuite créé le Collectif pour le contrat d’union civile et sociale visant à donner une existence légale aux couples homosexuels ou hétérosexuels non mariés. Ce sera l’un des premiers pas vers le pacs.

A l’époque, Jan-Paul Pouliquen, ancien communiste devenu chevénementiste, ne convainc qu’une poignée de députés socialistes. Ils ne sont que huit, en novembre 1992, à signer la proposition de loi sur le contrat d’union civile. Il faudra attendre 1999 pour que la majorité de gauche instaure le pacs. Avec sept lectures successives à l’Assemblée et au Sénat et quelque 120 heures de débats, le pacs a sans doute été la proposition la plus contestée au Parlement cette année-là.

« Le débat sur le pacs a révélé le poids encore très important, en ce début des années 1980, de la religion, expliquait Jan-Paul Pouliquen au Monde en 2021. Christine Boutin avait sorti la Bible à l’Assemblée. En réponse, c’était très bien joué d’ailleurs, le député communiste Georges Hage avait récité des versets de l’Ecclésiaste. Les références religieuses étaient extrêmement fortes, et la violence, dans ces débats, énorme. Maintenant que, malheureusement, le rapporteur de la loi sur le pacs, Jean-Pierre Michel, est décédé, je peux le dire : il m’avait demandé de lui écrire son discours final. Une première, pour moi. J’avais repris les citations des uns et des autres, c’était hallucinant. On avait entendu des manifestants lancer : “les pédés au bûcher” et un élu dire dans l’hémicycle : “pourquoi pas le mariage zoophile ?” A droite, un homme s’était très bien tenu, c’était Patrick Devedjian. Il était contre le pacs, mais il n’utilisait que des arguments juridiques. Au moment du mariage pour tous, heureusement, les propos étaient nettement moins venimeux. »

« L’homophobie, ce n’est pas fini »

Jan-Paul Pouliquen était par ailleurs très inquiet du manque d’archives sur la communauté LGBT. « Alors que mon état de santé se dégrade assez vite, je tente de transmettre encore ce qu’il m’est possible de faire. La plupart de mes archives ont été détruites dans l’incendie de ma maison », confiait-il encore en 2021 au Monde.

En 2018, la maison dans laquelle il vivait avec son mari dans la banlieue parisienne avait été victime d’un incendie. Il racontait : « L’une de mes voisines m’a avoué, elle n’osait pas me le dire, que le soir de l’incendie des gens s’étaient arrêtés devant la maison en disant : “Ah bah ils n’ont pas brûlé, c’est dommage.” Je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à des scènes pareilles il y a trente ou quarante ans. L’homophobie, ce n’est pas fini. »

« La loi sur le pacs a été une avancée, car elle a permis de parler d’homosexualité à toute la France », disait Jan-Paul Pouliquen au Monde en 2021. « Quand on voit les messages de SOS Homophobie aujourd’hui, on se dit que rien n’est fini. Il y a de plus en plus d’agressions. »

« Nous lui devons tant », a salué sur Twitter Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris. « Nos droits d’aujourd’hui doivent tant aux combats de celles et ceux qui, contre vents et marées, se sont battus pour les faire advenir », a également commenté son collègue David Belliard.