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 d’ADHEOS

 Une femme de 39 ans s’est vu refuser de donner son sang dans une clinique de Rome à cause de son orientation sexuelle. Elle menace de porter plainte. La direction de la clinique, elle, refuse de parler de discrimination
 
 «Vous êtes lesbienne? Vous ne pouvez pas donner votre sang.» Voilà ce que s’est vu répondre Lidia Marchesi, 39 ans, qui s’est rendue samedi matin à la clinique Umberto I, à Rome. Elle venait donner son sang pour la première fois. Au cours de l’entretien préalable avec un membre du personnel médical, elle explique qu’elle est en couple stable avec sa compagne depuis 4 mois, soit la période prévue par la loi pour pouvoir donner son sang.
 
 
«La personne avec qui je me suis entretenue, un médecin je crois, m’a posé une série de questions privées, y compris sur ma vie sexuelle», a expliqué Lidia Marchesi à l’agence de presse italienne Ansa. «Quand je lui ai dit que j’étais lesbienne, il a répondu que je ne pouvais pas donner mon sang parce que mon orientation sexuelle était considérée comme "à risques".»
 
«L’homosexualité n’est pas un motif d’exclusion»
Et c’est dans ces deux derniers mots que repose l’ambiguïté de la législation italienne sur le sujet. Aucune loi n’interdit aux homos -hommes ou femmes- de donner leur sang en Italie, puisqu’il n’est nulle part question d’orientation sexuelle. En revanche, la loi précise que les personnes exposées à des pratiques à risques (rapports non protégés, usage de drogues, etc) ne peuvent pas donner. Même chose sur le site de l’Avis, l’association italienne des donneurs de sang bénévoles. C’est alors au médecin de juger si le donneur est «à risques» ou non.
 
«Evidemment, chacun est libre d’avoir sa vie privée, et on ne juge personne», a répondu Gabriella Girelli, directrice du centre de transfusion de la clinique Umberto I, aux accusations de discrimination. «L’homosexualité n’est pas un motif d’exclusion pour le don du sang, il faudrait vérifier ce qui est ressorti de l’entretien sans toutefois violer le secret professionnel», a expliqué la directrice à Ansa.
 
Débat sur le don du sang en Italie
Si la clinique se refuse à parler de discrimination, Lidia Marchesi a annoncé qu’elle souhaite porter plainte. «C’est absurde, a-t-elle déploré. Moi et ma compagne sommes un couple tout à fait normal, nous nous aimons et nous respectons, peut-être même davantage que d’autres couples.»
 
Cette mésaventure relance le débat en Italie, où les cas de refus de don du sang envers les LGBT sont fréquemment dénoncés. En 2007, c’est dans la ville de Pordenone, près de Venise, qu’un épisode similaire s’était produit. Et plus récemment à Milan, en juillet 2010. Un jeune homme en couple avec son compagnon depuis cinq ans, et qui avait déjà donné son sang plusieurs fois, avait essuyé un refus. Plusieurs hommes politiques, y compris le ministre de la Santé de l’époque, s’étaient alors déclarés pour une nouvelle proposition de loi qui clarifie le sujet. Les LGBT italiens l’attendent toujours.