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 d’ADHEOS

 Verdict sans précédent à l’encontre d’un homme reconnu coupable d’avoir injurié, au moins à deux reprises, un gardien d’immeuble en raison de son homosexualité. C’est la première fois que la justice monégasque était saisie d’une affaire d’homophobie
 
 Verdict sans précédent dans la lutte contre l’homophobie. Mardi, le tribunal correctionnel de la principauté de Monaco a prononcé une peine de prison ferme à l’encontre de l’agresseur récidiviste d’un homosexuel. Cinq jours de réclusion assortis de 5 000 euros de dommages et intérêts. Philippe A, un retraité de 52 ans, a été reconnu coupable d’avoir proféré à deux reprises des insultes liées à l’orientation sexuelle d’Arnaud C, un concierge de 33 ans. Tous les deux sont français résidant à Monaco.

 
 
Les premiers faits remontent à janvier. L’agresseur était venu rendre visite à sa mère qui habite, dans le centre de Monaco, la résidence où la victime est gardien. Alors qu’il s’était entretenu avec lui, Philippe lâche qu’il « vient de parler au petit pédé ». Une remarque prononcée à haute voix qui n’échappe par au concierge. Il récidive début juin. Témoignages à l’appui, Arnaud dépose plainte à chaque fois. Bien que défendu par de nombreux copropriétaires venus le soutenir jusqu’à l’audience, le jeune homme, dans ce contexte lourd, d’abord affecté par des troubles du sommeil, tombe en dépression. Au terme de plusieurs arrêts maladie, il est déclaré «inapte à travailler dans tout immeuble où se trouve Monsieur A.». Avant qu’il ne perde son emploi et son logement de fonction, il est pris une troisième fois à parti par son agresseur le 29 juin.
 
«Ce n’est pas cher payé»
«Même si mon seul objectif était de mettre hors d’état de nuire cet infâme individu, cinq jours de prison et 5 000 euros ce n’est pas cher payé, minore Arnaud. Car, outre mon préjudice moral, je me retrouve aujourd’hui au chômage et à la rue à cause de lui.»
 
Il n’empêche que le verdict fait la une de la presse cette semaine sur le Rocher. Au-delà de sa sévérité «qui se justifie autant par les insultes proférées, analyse un journaliste, que par la désinvolture de leur auteur qui a prétexté une crise d’angoisse pour ne pas assister à l’audience», c’est la première fois que la justice monégasque était saisie d’une affaire d’homophobie. Aucune loi ne sanctionne ce type d’agression en principauté. C’est désormais le cheval de bataille d’Arnaud qui a tenté de sensibiliser la princesse Stéphanie à travers son association Fight aids contre le sida et espère bientôt obtenir une audience auprès du conseil national.
 
Le jeune homme est optimiste «car Monaco n’est pas homophobe. Il y a beaucoup de gays ici qui vivent très bien». «L’homosexualité est toujours taboue en principauté, mais de moins en moins», nuance notre confrère. La preuve : songeant aux dernières insultes dont Arnaud a fait l’objet, le procureur a prévenu à l’issue de son réquisitoire qu’il se montrera « encore plus sévère pour la troisième plainte qui devrait être jugée à l’automne.» L’affaire n’est pas terminée.