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 d’ADHEOS

Il y a trois ans encore, l’homosexualité était illégale en Inde, et toutes histoires ayant rapport avec une sexualité transgenre, lesbienne ou gay étaient tout simplement indicibles. Or, cet aspect vient de changer. Enhardis par lune nouvelle reconnaissance juridique et un nombre croissant de droits pour les homosexuels, les Indiens commencent à parler.
 
Les multiples menaces lancées contre Salman Rushdie, par les militants religieux, ont incité à lever quelques sourcils quant à certaines conditions devenues inacceptables pour de nombreux écrivains. Depuis lors, une anthologie de l’érotisme a réussi à envahir les étagères, tandis que HarperCollins India a publié un roman avec un personnage gay. Ce mois d’octobre voit également la sortie de Out! Stories from the New Queer India, une anthologie de 30 histoires contemporaines sur le fait d’être « queer » et indien.  
 
Face aux nouvelles que l’on trouve dans ce recueil, Minal Hajratwala, éditrice, déclare au sujet de l’une d’entre elles : « Wow, je n’ai jamais vu ce genre de choses auparavant, les personnages sont totalement différents. Je ne pense pas que l’histoire de ‘comment une mère sikh se sent quand elle voit son fils devenir sa fille ?’ ait déjà été abordée. »  
 
Les histoires proposées couvrent des identités de genre, mais aussi de classes et de cultures. Certaines sont même traduites à partir de langues régionales telles que le tamoul. Quelques exemples : une nouvelle raconte l’histoire d’une femme qui découvre que son mari, chef d’entreprise, est bisexuel et séropositif ; une autre est centrée sur le suicide d’un couple de lesbiennes dans un village rural.  
 
Des écrits « queer » avaient déjà été publiés auparavant en Inde. C’était avant l’article 377 du Code pénal indien, une loi coloniale interdisant l’homosexualité et qui a été annulée en 2009. Mais The Guardian assure que le ton de ces nouvelles histoires est très différent. « Ils ne se sentent plus victimes », explique M. Kumar. 
 
 
Évidemment, le changement juridique indien n’a pas transformé les attitudes sociales en quelques jours, et de nombreux groupes s’opposent encore à cette littérature. Mais la couverture médiatique, accompagnée par les discussions sur l’homosexualité, fait glisser peu à peu le sujet de l’aspect tabou à celui de l’ordinaire. « Un dîner de tables rondes pourra probablement inclure les mots gay et lesbienne maintenant », annonce Kumar.  
 
La publication de ce recueil reflète surtout l’importance qu’ont prises, ces dernières années, les histoires lesbiennes. Celles-ci sont notamment liées à la situation sociale des femmes qui a changé en Inde : « plus de femmes travaillent et ont un revenu indépendant – certaines vivent dans la ville, par elles-mêmes », explique Hajratwala.  
 
Néanmoins, il aura fallu six mois pour Kumar pour réussir à protéger les auteurs de l’ouvrage, en veillant à ce que la responsabilité juridique du contenu d’un livre revienne à l’éditeur, et non pas aux auteurs, si jamais le travail est considéré comme offensant par les lois indiennes. Beaucoup d’écrivains ont malgré tout encore choisi de rester anonymes.