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 d’ADHEOS

“Une bouffée d’air frais”: le nouveau chef de l’opposition hongroise Peter Marki-Zay, vainqueur surprise des primaires, entend bousculer la scène politique pour renverser en avril 2022 “l’autoritaire” Viktor Orban, après plus d’une décennie au pouvoir.

“Je ne suis pas un politicien typique”, revendique dans un entretien à l’AFP ce maire d’une ville de province propulsé en l’espace de quelques semaines au premier plan. Nouveauté et “franchise”, “voilà pourquoi les électeurs, en particulier les jeunes, m’ont soutenu”, estime-t-il, costume sombre et large sourire, quand on l’interroge sur la recette de son succès, malgré le manque de moyens financiers.

Alors que peu de gens misaient sur lui au lancement de ces inédites primaires de l’opposition, le charismatique élu conservateur de 49 ans a déjoué tous les pronostics et s’est largement imposé au second tour dimanche, devant des partisans survoltés. Désormais, les experts prédisent une bataille extrêmement serrée, comme Viktor Orban n’en a pas connu depuis des années.

“Un séisme politique”, selon l’expression de médias indépendants hongrois, tirant ses racines dans une première victoire en 2018, dans la ville de Hodmezovasarhely (sud-est) qui compte 44.000 habitants. A l’époque, Peter Marki-Zay, également connu sous ses initiales MZP, avait réuni le soutien des partis de tous bords, de la droite dure aux sociaux-démocrates, pour battre le parti de Viktor Orban, le Fidesz.

“Le modèle Hodmezovasarhely (prononcez Hode-maizeu-vachar-heille) a montré qu’un conservateur pouvait rallier les autres camps et, surtout, les électeurs indécis”, dit-il. Cet état d’esprit, résumé par son slogan “Ni à gauche ni à droite, vers le haut!”, a séduit dans un pays las des précédentes querelles de l’opposition.

“Etoile noire”

Catholique pratiquant et père de sept enfants, MZP explique s’être “toujours intéressé à la politique”. Il avait d’ailleurs “fait campagne avec enthousiasme” pour Viktor Orban, avant son premier mandat à la tête du pays (1998-2002). “Mais il a tout gâché”, lance le quasi quinquagénaire, qui a perdu toute illusion peu après le retour au pouvoir en 2010 du dirigeant souverainiste aux valeurs “illibérales”. “Il a mis son incontestable talent au service du mal plutôt que du bien et a bâti un régime autoritaire”, assène-t-il, dressant une comparaison avec “l’Etoile noire” de la saga intergalactique “Star Wars”.

Son objectif, s’il est élu aux législatives l’an prochain: mettre un terme à la dérive “anti-démocratique” de la Hongrie, qui l’amène à croiser le fer régulièrement avec l’Union européenne. “Démocratie, Etat de droit, intégration européenne: voilà le chemin à emprunter”, insiste le candidat de l’opposition, favorable à l’adoption de la monnaie unique et soucieux du respect des droits des minorités.

Eloge de la “radicalité” 

Economiste et ingénieur de formation, Peter Marki-Zay a travaillé cinq ans dans le marketing aux Etats-Unis, mais aussi en France et d’autres pays européens, une expérience qui l’a “façonné”, confie-t-il. “Cela m’a ouvert les yeux, j’ai appris à accepter les différences entre les gens et les cultures, à devenir plus pragmatique”, ajoute celui qui parle anglais, français et allemand. Sur le plan politique, il a “suivi de près” la campagne de Barack Obama. “Je suis un grand fan et je me suis inspiré de son exemple”, dit-il, alors que certaines de ses affiches reproduisaient le fameux poster “Hope” de l’ex-président américain.

Le politicien hongrois a communiqué sur internet et les réseaux sociaux comme Instagram, avec l’aide de son fils de 12 ans qui s’est avéré un “expert fantastique”, s’amuse-t-il. Face aux “mensonges et à la propagande” du camp Orban, qui l’accuse déjà d’être une marionnette de la gauche, MZP se dit prêt à répliquer par des messages “percutants”, voire “radicaux”. Il a ainsi suscité la controverse en assurant que la moitié des membres du gouvernement Orban étaient gay.

Des propos “nécessaires pour défendre les personnes homosexuelles face aux campagnes anti-LGBT+ de l’exécutif”, argue-t-il. “Nous voulons bâtir une Hongrie où même les politiciens du Fidesz pourront admettre ouvertement leur préférence, car il n’y a pas à en rougir”. Le pouvoir “a construit une bulle autour de l’opposition en contrôlant la plupart des médias, alors si je me contente de jolies déclarations, ma voix ne portera pas”, conclut le candidat.