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 d’ADHEOS

À la suite de l’agression qui a indigné le pays le week-end dernier, le secrétariat à la Défense nationale et l’État major ont suspendu les six soldats, accusés d’abus d’autorité.
 
Depuis le week-end dernier, le Honduras s’indigne d’un fait divers qui aurait malheureusement pu passer inaperçu. Filmé par la chaîne de télévision Canal 6 à San Pedro Sula, la deuxième ville du pays, le passage à tabac samedi 26 juillet en pleine rue de Monica Shakira, une personne trans’ travailleuse du sexe, par un jeune médecin, Rolando Medina, et sous les yeux d’une patrouille militaire impassible, a défrayé la chronique et relance le débat sur l’homophobie et la transphobie dans ce pays d’Amérique centrale, ravagé par la violence.
 
Conséquences: le secrétariat à la Défense nationale et l’État major du Honduras ont décidé de suspendre les six militaires de la Fuerza de Seguridad Interinstitucional Nacional, après enquête, pour abus d’autorité – et notamment, pour avoir donné un coup de pied à Monica Shakira. Pour sa part, le ministère des Droits humains a annoncé qu’une enquête serait ouverte pour déterminer s’il y a eu discrimination ou non. Les soldats n’ont pas accompli leur devoir de «sauver la vie d’un citoyen [sic] en train de se faire frapper», a déploré le ministre de la Justice, Óscar Chinchilla, alors que des militant.e.s LGBT manifestaient devant son ministère à Tegucigalpa pour réclamer justice.
 
«J’AI VU L’INSTANT DE MA MORT» VS. «JE NE SUIS PAS HOMOPHOBE»
Interrogée par des journalistes de La Prensa, la victime, accusée par son agresseur de l’avoir d’abord attaquée pour avoir refusé ses prestations, raconte avoir été insultée puis frappée par les deux hommes à bord du véhicule dont le jeune médecin. Obligée de se défendre, Monica Shakira a ensuite reçu un coup de pied de la part des militaires en patrouille avant d’être frappée à nouveau par Rolando Medina et d’être jetée au sol. «J’ai vu l’instant de ma mort», confie la travailleuse du sexe qui qualifie le comportement du médecin de «transphobe».
 
Une version qu’a (bien évidemment) démenti Rolando Medina, cité par La Prensa. «Je ne suis pas homophobe, a-t-il déclaré, mais j’ai dû me défendre devant les attaques persistantes [de Monica Shakira]». Le médecin a tout de même reconnu que la violence employée n’était pas la meilleure méthode pour résoudre le conflit ainsi généré. Mais en se posant comme victime.

LE SALVADOR, LE HONDURAS ET LE GUATEMALA DANGEREUX POUR LES LGBTI
Selon les organisations LGBTI et de défense des droits humains sur place, le triangle Nord de l’Amérique centrale formé par le Salvador, le Honduras et le Guatemala est la zone de la région la plus dangereuse pour les lesbiennes, gays, bi.e.s, trans’ et intersexes. Depuis 2009, 282 personnes LGBTI ont été assassiné.e.s – 168 au Honduras, 70 au Guatemala et 44 au Salvador –, s’inquiètent des militant.e.s, dans des pays comme le Honduras où la violence sociale s’est considérablement amplifiée. «Dans un contexte de violence, c’est d’autant plus facile que se développe encore plus de violence et que la communauté LGBTI, groupe marginalisé, soit celle qui soit la plus touchée par cette violence», a d’ailleurs expliqué Francesco Dal Pra, coordinateur du projet Centroamérica Diferente à EFE, l’agence de presse hispanophone.
 
Pour Carlos Valdez, représentant de l’association Lambda au Guatemala, cité par EFE, la situation en Amérique centrale est «pour le moins préoccupante» du fait «des violations constantes» de leurs droits et d’un accès à la justice lacunaire. «Il n’y a aucune reconnaissance de nos droits, que ce soit de la part de l’État ou de toutes les entités gouvernementales», poursuit-il.
 
De son côté, le ministre de la Justice du Honduras s’est engagé à poursuivre et approfondir les enquêtes pour faire la lumière sur les assassinats dans son pays. Óscar Chinchilla a ensuite reconnu qu’il était nécessaire de renforcer le système d’enquête du parquet et a annoncé la création de l’Agence technique d’investigation criminelle.