Le tabou de l’homosexualité reste très important dans le sport. Ainsi, alors que 10 500 athlètes participent aux JO de Londres, ils n’étaient qu’une quinzaine à avoir révélé être homosexuels.
Plus de 10.500 athlètes ont débarqué à Londres pour participer à la trentième olympiade de l’ère moderne. Parmi eux, selon les derniers comptages, ils étaient à peine une quinzaine, dont seulement trois hommes, à être ouvertement homosexuels.
Matthew Mitcham fait partie de ceux-là. A son niveau, cet Australien aujourd’hui âgé de 24 ans a marqué l’histoire olympique en devenant, lors des précédents Jeux à Pékin, le premier champion olympique ouvertement gay. Ce plongeur avait en effet fait son coming out dans la presse, quelques semaines avant d’obtenir la note absolue – 10 – aux épreuves de haut vol (à 10 mètres). Dès sa descente du podium, il s’est précipité vers les tribunes pour offrir son bouquet à son petit ami. Certes, si ce n’était pas adressé à un compagnon du même sexe, ce geste serait absolument banal. Mais pour des millions de jeunes homos, il représentait une véritable lueur d’espoir, l’arrivée enfin un héros positif auquel ils puissent s’identifier, qui prouve que l’on peut accomplir des exploits en ayant la liberté d’être soi-même. Il faut se souvenir que son illustre prédécesseur, le plongeur aux 17 médailles d’or Greg Louganis, n’a fait son coming out qu’après s’être retiré de la compétition…
Quinze athlètes aux JO, soit 0,2% des sportifs présents, quand on estime à entre 5 et 10% le nombre d’homos dans la population… tout ceci démontre bien que des blocages existent encore. En fait, alors que l’on compte désormais des personnalités ouvertement homosexuelles connues dans pratiquement tous les domaines de la vie publique (en politique, dans les milieux artistiques ou le cercle du showbiz), deux domaines font encore figure d’exception : le monde de l’entreprise et celui du sport. Alors qu’il y a (pourquoi en serait-il autrement?), autant de gays et de lesbiennes dans les stades ou dans les conseils d’administrations que partout ailleurs.
Mais comment s’en étonner ? Quand on veut dénigrer l’adversaire, sur les terrains de sport comme dans les cours d’école, « pédé » est l’insulte qui revient encore le plus souvent. A force de l’entendre, et de le prendre pour eux au premier degré, les homos assimilent cette infériorité et dissimulent cette partie pourtant essentielle de leur personnalité. « On commence à accepter son homosexualité quand on cesse de la vivre comme une faute devant entraîner de la culpabilité », nous disent les psys. Dans le monde très macho de la compétition sportive, où chaque faute (toute dérogation à la règle, au code de conduite) est lourdement sanctionnée, cet écart de la norme est extraordinairement difficile à imaginer. Et on imagine les dégâts dans la tête des aspirants champions… ce qui ne peut que nuire aux résultats sportifs, comme l’a bien expliqué le rugbyman Gareth Thomas, un autre de ces rares champions à avoir dit son homosexualité avant de prendre sa retraite : « J’ai pensé au suicide, juste pour ne pas avoir à affronter l’étape » du coming out. Aujourd’hui, il se dit pourtant « incroyablement fier » de l’avoir fait.
Et il suffit de lire n’importe quel portrait de sportif, ces jours-ci dans les journaux, pour constater que la vie sentimentale y est presque systématiquement évoquée. Ce n’est pas, en soi, un problème, tant l’intimité d’une personne participe à son équilibre mental. Il faut seulement souhaiter qu’un jour, la vie d’un champion homosexuel soit aussi banale que celle d’un sportif hétéro. Hélas, ce jour n’est pas encore venu. Comme le déclarait la légendaire joueuse de tennis ouvertement lesbienne, Martina Navratilova : « Si beaucoup plus de gens font leur coming out, alors cela cessera d’être une grande affaire. »
- Source Atlantico.fr