NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Depuis cette semaine, les enseignants qui le souhaitent peuvent se procurer Le Baiser de la lune, un dessin-animé abordant d’une manière poétique les relations homosexuelles. En 2010, le projet de ce conte sans fée ni prince avait suscité la polémique.
 
Félix et Léon risquent de faire de nouvelles vagues. Le premier est un poisson-chat, le second un poisson-lune et quand ces deux-là se croisent entre deux algues, leurs branchies battent plus fort. Félix et Léon, ce sont les héros du film d’animation Le Baiser de la lune, destiné à aborder d’une manière poétique les relations amoureuses entre des personnes du même sexe. Depuis cette semaine, ce court-métrage est accessible aux enseignants de CM1-CM2, comme le révèle Libération, via les Ligues de l’enseignement.
 
En 2010, Le Baiser de la lune, alors au stade de simple projet, avait suscité des réactions épidermiques (Lire  article de l’époque : "C’est l’histoire de deux poissons gay qui dérangent"). L’hebdomadaire résolument de droite Les quatre vérités lançait une pétition "Halte aux incitations homosexuelles dans les écoles primaires !". Le Collectif pour l’Enfant, une association militant contre l’homoparentalité suivait le mouvement, sa porte-parole évoquant à TF1 News un "petit film hétérophobe" et jugeant que "des enfants CM1-CM2 sont encore trop petits pour entendre parler de ces problèmes d’adultes". Christine Boutin renchérissait en demandant d’interdire la projection dans les écoles, et face à la bronca, le ministère de l’Education Luc Chatel d’estimer que parler d’un sujet comme l’homophobie en primaire était un peu "prématuré" avant de préciser que "le choix des supports pédagogiques (…) était laissé à la liberté de l’enseignant." Contacté ce mardi, la rue de Grenelle a précisé "ne pas être au courant" de la diffusion du film.
 
 
"Ils ont retenu que le petit poisson avait le choix"
 
 
Pas de quoi provoquer une tempête dans ce conte sans fée ni prince charmant. Le pitch ? Une chatte appelée "vieille Agathe" est prisonnière d’un château de conte de fée. Enfermée, elle l’est aussi dans ses préjugés sur l’amour. Elle l’attend, elle l’attend son prince charmant ! Un jour, son protégé Félix tombe amoureux de Léon. Et puis, voilà aussi la Lune qui s’amourache du Soleil ! Pour la vieille Agathe, persuadée que l’on ne peut s’aimer que comme les princes et les princesses, ces deux amours sont tout bonnement impossibles. Mais devant le bonheur dégoulinant et un poil enrageant des deux couples, elle finit par changer de regard…

 
"En sortant de l’éternelle histoire du prince et de la princesse, ce film sert à aiguiser l’œil de l’enfant à la différence, raconte le réalisateur du film Sébastien Watel contacté par TF1 News. Lui montrer qu’il n’existe pas de modèle amoureux plus normal qu’un autre." "Ce sont des questions sensibles, renchérit Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, premier syndicat des enseignants. Mieux vaut que l’école soit armée pour aborder ces questions plutôt que de rester silencieux face aux interrogations des enfants." Et de faire remarquer que l’apprentissage de la tolérance et le refus des discriminations est au programme en primaire.
 
 
Le court-métrage a été diffusé à plusieurs élèves de CM1-CM2. "Ce qui était intéressant, se souvient Sébastien Watel, c’était que les enfants n’étaient pas du tout focalisés sur la notion de sexualité. Ils ont évoqué la liberté, l’amour. Ils ont retenu que le petit poisson avait le choix". Ce que le réalisateur ne précise pas c’est qu’ils n’ont pas aimé la scène où les maîtres d’Agathe partent car "c’est monstrueux d’abandonner un animal" et qu’ils se sont demandés "comment la chatte Agathe pouvait manger si elle est amie avec les poissons" Félix et Léon, mais ça, c’est encore une autre histoire.