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 d’ADHEOS

 Samedi après-midi à Paris, une centaine de militants LGBT a manifesté près de l’ambassade du Vatican pour protester contre les propos du cardinal Bertone. Mais des catholiques intégristes les attendaient sur place. Récit d’une après-midi explosive.
 
Samedi, les militants LGBT parisiens ont répondu à l’appel mondial à manifester devant les ambassades du Vatican. Dès 14h30, une centaine de membres de l’Inter LGBt, du MAG ou de SOS Homophobie, a afflué devant le Palais de Tokyo. L’ambassade du Vatican est à une centaine de mètres et devant ses grilles, une quarantaine de personnes les attendaient, prêtes à en découdre pour défendre le bâtiment. Dès qu’il a été lancé, l’appel à manifester a en effet été reçu par toute la fachosphère. Depuis plusieurs jours, les appels à contrer les manifestations et à «casser du pédé» ont envahi le web.

 
 
Ambiance tendue
L’ambiance est étrangement tendue dans cette grande avenue bourgeoise du 16e arrondissement, la rue prend soudain un air de champ de bataille. Les deux groupes campent sur leur territoire et s’observent de loin. Des policiers en civil et des CRS quadrillent le quartier, la peur d’un dérapage semble dans tous les esprits. Même les toujours audacieux militants d’Act Up et des Panthères Roses ne tenteront aucun coup d’éclat aujourd’hui, «c’est trop dangereux», avoue un membre d’Act-Up.
 
A 15h, les militants LGBT commencent à scander en chœur «L’homophobie tue, non aux amalgames», figés derrière leurs banderoles. De temps à autre, quelques défenseurs du pape tentent une approche en solitaire. Un militant de SOS Homophobie leur tend un sticker «L’homophobie tue» en rigolant, ils le refusent, presque poliment. Mais subitement, le groupe de l’ambassade remonte l’avenue et marche en bloc vers le Palais de Tokyo. Ce sont surtout des hommes, plutôt jeunes, et seuls quelques uns ont le look quasi officiel des nazillons.
 
 Militants affligés
Aussitôt, un cordon de CRS s’interpose et bloque leur avancée. Commence alors un long face-à-face avec les militants LGBT. Une vingtaine de mètres à peine séparent les deux groupes, contenus par des dizaines de CRS. Les militants homos ne faiblissent pas, huent et martèlent leurs slogans. En face, les provocations et les injures se multiplient. Le poing levé, ils braillent «Pas de défilé pour les enfilés», «Nous sommes tous des enfants d’hétéros» ou « Pédé, foutez-nous la paix». Les militants LGBT semblent plus affligés qu’impressionnés par la violence et la haine de leurs adversaires. L’un d’eux lâche : «j’ai fait la première gay pride de Moscou, c’était bien pire que ça.»
 
 Après une vingtaine de minutes, les partisans du pape regagnent le trottoir de l’ambassade. Ils crient toujours quelques insultes, des manifestants LGBT s’en amusent et répondent en chœur « fachos dégonflés ». Mais par peur d’une éventuelle agression, la police ne laisse personne partir. C’est en groupe et sous escorte que les militants regagnent le métro. Ils semblent presque satisfaits, comme si, vu le déchaînement de haine des dernières semaines, ils s’étaient attendus à pire.