Conséquences de l’homophobie

Les conséquences de l’homophobie incluent l’homophobie intériorisée, la violence et la discrimination 

 
  • Homophobie intériorisée
Comme dit Daniel Borillo dans son Que sais-je ? sur l’homophobie, le fait que les gays et lesbiennes grandissent dans un monde généralement hostile aux homosexuels, et où il n’y a pas de modèles valorisés d’homosexualité, font qu’ils intériorisent la violence homophobe qui les entourent (injures, propos méprisants, condamnations morales, attitudes compassionnelles). Cette intériorisation de l’homophobie peut entraîner un sentiment de culpabilité, de honte, voire des dépressions ou des suicides (l’homophobie est l’une des principales causes de suicide chez les adolescents).
 
 
  • Agressions
Le meurtre – qu’il soit légalisé dans le cas de la peine de mort ou non – n’est pas la violence la plus répandue. Il faut compter au titre des violences dues à l’homophobie surtout les passages à tabac, voies de fait, insultes, etc. D’autre part, l’injure homophobe est, en France, très commune, bien que souvent démotivée : des expressions comme pédé, tapette ou encore enculé sont fréquentes. Elles ne servent cependant pas nécessairement à injurier une personne soupçonnée d’homosexualité, et sont parfois même employées par des personnes elles-mêmes homosexuelles. Ces expressions véhiculent cependant inconsciemment l’homophobie, tout comme l’expression faire quelque chose en juif véhicule inconsciemment l’antisémitisme. Le terme enculé rappelle entre autres les condamnations à mort des homosexuels passifs à la fin de l’Empire romain(voir homosexualité dans l’Antiquité).
 
La peur de l’agression, verbale ou physique, est un trait partagé par nombre d’homosexuels, qui, le plus souvent, désertent les zones rurales afin de gagner la ville, où les populations sont plus ouvertes et moins agressives. Dans certaines villes de France, comme Paris (dans le quartier du Marais) ou Montpellier ou, au Canada, Montréal, à l’instar d’autres métropoles, il existe des communautés homosexuelles, s’inscrivant dans une aire géographique délimitée plutôt que véritablement dotées de valeurs communes. Les violences physiques à l’encontre des homosexuels n’en existent pas moins dans ces métropoles et sont parfois le fait de bandes urbaines. La presse écrite à destination d’un public majoritairement homosexuel, comme le mensuel français Têtu ou le Montréalais Fugues, rend compte d’exactions, brimades et discriminations lorsque celles-ci surviennent.
 
En 2006, en France, le jeune homosexuel Bruno Wiel est passé à tabac et laissé pour mort après avoir été torturé et violé par quatre jeunes gens. Le procès, qui a lieu en 2011, est relayé dans la presse et les journaux nationaux.
 
  • Violence institutionnalisée
 Régime nazi   Dans des cas extrêmes, l’homophobie a conduit à des meurtres, que la victime soit soupçonnée d’homosexualité à tort ou à raison. Les agressions homophobes ont même été institutionnalisées sous le régime nazi. Il est difficile de savoir combien de victimes homosexuelles furent déportées et assassinées entre 1933 et 1945 par ce régime mais les travaux sur bases des condamnations « légales » suggèrent 10 000 victimes, ainsi que 10 000 déportés homosexuels. Inclus dans le système de marquage nazi des prisonniers, les homosexuels étaient tenus de porter un triangle rose. Enfin, le taux de mortalité des homosexuels prisonniers dans les camps est estimé à soixante pour cent. La déportation méconnue des homosexuels s’estimerait en réalité à 75 000 victimes. Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n’est qu’une estimation et peut être plus important.
 
  • Actuellement
De nos jours, les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans sept pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, Nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. Ainsi, le 19 juillet 2005, deux adolescents iraniens, âgés de 16 et 18 ans ont été pendus à Mashhad, en Iran pour avoir eu des relations homosexuelles. Le recours déposé par l’avocat des condamnés devant la Cour suprême de la République islamique d’Iran fut rejeté. Au Nigéria en 2007, 18 homosexuels sont jugés et risquent la peine de mort dans l’État de Bauchi.
 
L’homosexualité est toujours punie d’emprisonnement (de quelques mois à la perpétuité), de sévices corporels, de déportation ou de travaux forcés dans une soixantaine de pays dont : Sénégal, Algérie, Bangladesh, Botswana, Burundi, Cameroun, République démocratique du Congo, Émirats arabes unis, Éthiopie, Îles Fidji, Guyana, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Maroc, Mozambique, Nigeria, Oman, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tanzanie, Togo, Zambie. Cette liste n’est pas exhaustive.
 
Certains pays répriment indirectement l’homosexualité (interdiction de soutien pour des associations, licenciement, etc.) ou la discriminent, ce qui peut être vécu comme une agression : Grèce, etc.
 
Aux États-Unis, en 2003, la Cour suprême a déclaré anticonstitutionnelles les lois de certains États fédérés contre la sodomie. Elles violent le XIVe amendement de la constitution qui protège la vie privée et la liberté des citoyens américains. 13 États fédérés sur 50, situés surtout dans le Sud du pays, pratiquaient jusqu’alors des lois contre la sodomie entre adultes consentants, quatre condamnant aussi les fellations : le Texas, l’Oklahoma, le Missouri, et le Kansas. Dans ce dernier État, en 2000, un jeune déficient mental de 18 ans a été condamné pour sodomie (en fait fellation) à 17 ans de prison pour circonstance aggravante d’homosexualité. Cette décision fut par la suite annulée par une décision unanime de la Cour suprême du Kansas[27].
 
En revanche, dans de nombreux pays, notamment des pays fortement sécularisés, la discrimination à l’égard des personnes homosexuelles est aujourd’hui sanctionnée. Ces sanctions sont notamment des amendes.
 
  • Discrimination
Le plus souvent, l’homophobie se manifeste par la discrimination. Jusqu’à récemment, la discrimination contre les homosexuels était légale en Occident : l’État y participait. C’est grâce au vote, à partir des XIXe et XXe siècles principalement, de lois antidiscrimination et au passage d’une morale sociale intolérante à une certaine acceptation, que la situation s’est, toujours en Occident, améliorée pour les homosexuels. Par exemple, en France, l’homosexualité a été dépénalisée par le Code pénal de 1791. Napoléon Ier n’est pas revenu sur ce progrès. Le fait que Jean-Jacques Régis de Cambacérès, rédacteur d’un premier projet de Code civil avant le Consulat, était homosexuel, est parfois dit avoir joué un rôle. C’est sous le gouvernement de Vichy qu’une discrimination pénale réapparait (en des termes d’Ancien régime) et en 1982 que François Mitterrand la fit abroger (voir l’article Homosexualité).
 
 
Des activistes opposés aux droits des homosexuels, cependant, considèrent que les lois de « tolérance » sont, en fait, discriminatoires pour les hétérosexuels. Au contraire, les activistes homosexuels affirment que l’homophobie légalisée reste une norme, plus ou moins dissimulée, dans la majorité des pays, qui se manifeste par des licenciements abusifs, des refus de locations ou diverses autres brimades.
 
Ainsi, dans les années 1950 et 1960 au Canada, une campagne de licenciement des homosexuels dans l’administration et l’armée a été menée ; pour ce faire, chaque personne était testée au moyen d’un appareil, nommé en argot anglais fruit machine ; celui-ci mesurait les réactions de la pupille, la transpiration et le rythme cardiaque des testés devant la projection d’images pornographiques homosexuelles.
 
Le fait que les couples homosexuels ne puissent bénéficier de l’accès au mariage et de ses avantages (couverture sociale, transmission de patrimoine, adoption…) n’a pas été considéré comme une discrimination lors du jugement en annulation du "Mariage de Bègles". Le droit français reste cependant flou sur la question, et ne définit par exemple pas le mariage comme étant nécessairement l’union d’un homme et d’une femme. La Cour européenne de justice a été saisie du dossier et devrait se prononcer prochainement. La quasi totalité des associations de défense des droits Humains et des personnes homosexuelles considèrent qu’il y a là discrimination. On se reportera à Mariage homosexuel.
 
Un article récent de deux chercheurs universitaires a pour la première fois proposé une évaluation économétrique, sur le marché du travail français, de la discrimination salariale fondée sur l’orientation sexuelle. Il s’agit de la première et seule étude tentant d’évaluer l’ampleur de cette discrimination en France. Les résultats obtenus montrent l’existence d’un désavantage salarial des homosexuels hommes par rapport à leurs homologues hétérosexuels, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public; l’ampleur de cette discrimination varie de -6.5% environ dans le secteur privé à -5.5% dans le secteur public. Dans le secteur privé, le désavantage salarial subi par les homosexuels masculins est plus élevé pour les travailleurs qualifiés que pour les non-qualifiés et – dans les deux secteurs – pour les vieux que pour les jeunes. La discrimination est également plus faible à Paris que dans le reste de la France. Comme dans d’autres pays, il n’est toutefois pas possible de conclure à l’existence d’une discrimination salariale à l’encontre des lesbiennes.
 

homophobie

L’homophobie est l’hostilité, explicite ou implicite, mais violente et agressive envers des individus dont les préférences amoureuses ou sexuelles concernent des individus de même sexe. Cette hostilité relèverait de la peur, de la haine, de l’aversion ou encore de la désapprobation intellectuelle intolérante envers l’homosexualité. L’homophobie englobe donc les préjugés sur l’homosexualité, lorsqu’ils se traduisent par des attitudes violentes, et les discriminations (emploi, logement, services) envers les homosexuels. « De même que la xénophobie, le racisme ou l’antisémitisme, l’homophobie paraît être une désignation de l’autre comme le mauvais contraire, inférieur ou anormal. » L’homophobie peut aller jusqu’au meurtre ou, plus souvent, à la condamnation à mort institutionnalisée.
 
L’homophobie peut être de différentes natures : homophobie religieuse, homophobie clinique (en médecine, en particulier en psychiatrie, et en psychologie), homophobie anthropologique (au nom de la différenciation des sexes), homophobie idéologique (le nazisme, le stalinisme), et homophobie libérale, qui consiste à simplement tolérer les homosexuels tout en n’étant pas défavorable à leur discrimination.
 
Le néologisme « homophobie » a été contesté en raison de sa structure.
 
  • Naissance du terme 
Le terme est issu de l’anglais homophobia, néologisme, apparu pour la première fois en 1971, dans Homophobia: a tentative personality profile du psychologue Kenneth Smith. Il a été transposé en français canadien par Yvon Thivierge dans sa traduction pour l’association Gays of Ottawa/Gais de l’Outaouais du fascicule de Ron Dayman et Marie Robertson « Understanding Homophobia » (Pink Triangle Press, Toronto, 1975) et, plus tard et indépendamment, en français hexagonal par Claude Courouve dans son ouvrage Les Homosexuels et les autres (Athanor, Paris, 1977), suivi par Dominique Fernandez dans son roman L’étoile rose (Grasset, Paris, 1978).

 
Pour se définir, certains dans les années 1950, préféraient éviter le trop sexuel et médical homosexuel, et utilisaient homophile. Un homo (terme qui remonte, en français, à 1912) désigne alors, familièrement, un homme homosexuel. De ce fait, le préfixe homo- prend une teinte masculine pour la formation de mots nouveaux : homoérotisme date de 1967. Homophobie ne signifie donc pas « peur du même, de son semblable », sur la base du préfixe homo- (« même ») mais bien « aversion, hostilité envers les homosexuels, l’homosexualité ». 
 
  •  Polémiques sémantiques
Au même titre que le comportement raciste, antisémite ou xénophobe, l’homophobie n’est pas un terme de psychiatrie. Sa définition est principalement reconnue dans les juridictions des pays d’Europe et d’Amérique du Nord (États-Unis, Canada).
 
Des opposants aux mouvements de reconnaissance des droits des homosexuels affirment que les mots homophobie et homophobe sont utilisés pour « gommer » de manière abusive la différence qui existe entre ceux qui haïssent les homosexuels et ceux qui simplement les désapprouvent, pour des raisons souvent liées à un dogme religieux, mais pas toujours. Sans vouloir interdire l’homosexualité, voire en la partageant, certains désapprouvent le « mariage homosexuel » considérant qu’il doit être, selon le sens du mot "mariage", réservé aux hétérosexuels. Certaines personnes désapprouvent le mariage religieux tout en soutenant le mariage civil.
 
D’autres, défenseurs des droits homosexuels, répondent que l’homophobie ne se limite pas à croire que l’homosexualité est une erreur, mais est aussi un ensemble de prises de position et d’actions spécifiques telles que le déni du droit à l’égalité entre homosexuels et hétérosexuels, ou encore l’opposition à toute forme de protection spécifique.
 
Des chercheurs, enfin, pensent qu’un terme plus adapté pour décrire une prise de position négative envers les homosexuels serait homodiscrimination, puisque les connotations propres à ce type de discriminations rejoignent celles concernant l’ethnie (discrimination raciale, racisme, etc.) ou encore le sexe (sexisme, machisme, misogynie, etc.). 
 
  •  Hétérosexisme
L’homophobie est un fruit de l’hétérosexisme, c’est-à-dire de la suprématie du modèle social hétérosexuel, présenté comme le seul existant, en dehors du célibat ecclésisatique ou monacal, dans les sociétés actuelles ; qui rappellerait la suprématie du modèle blanc, lequel laisse de côté, dans tous les aspects quotidiens, l’existence d’une grande partie de la population mondiale. Analogiquement, la relative rareté dans la publicité, les médias, les exemples des leçons de langues, les films, etc., d’un modèle noir est comparable à la rareté d’un modèle homosexuel : de fait, c’est d’une homophobie par défaut, ou négative, qu’il s’agit ; l’homosexuel n’a pas de représentation de lui-même lui permettant de se situer par rapport à une norme autre que l’hétérosexualité.
 
La publicité pourrait à l’avenir ne plus être suspecte d’hétérosexisme : les couples homosexuels font le plus souvent partie de la cible ─ très recherchée ─ des ménages dits double income, no kids « doubles revenus, sans enfants ». Elle a donc intérêt à les choyer au même titre que toute autre catégorie ayant un bon potentiel économique. Pourtant, dans les faits, la publicité française ne met encore en scène que des stéréotypes d’homosexuels et, surtout, « oublie » comme c’est très souvent le cas, les lesbiennes. L’homosexuel dans la publicité existe surtout pour montrer des situations de décalage humoristique. Il est rare, en effet, qu’on y voie un couple homosexuel banal plongé dans les activités de la vie quotidienne. Dans les pays anglo-saxons, cependant, il semble que l’on assiste à une évolution des mentalités permettant de dire que l’utilisation du cliché homosexuel dans la publicité marquerait un recul. Certains sites[7] recensent les publicités mettant en scène l’homosexualité et les classent selon leur degré d’homophobie, de neutralité voire d’homophilie.
 
Il en va de même, bien que dans une moindre mesure, en politique où les 5%(il s’agit là d’une estimation assez conservatrice) de voix associées ne peuvent être négligés lorsque tant de circonscriptions se jouent dans un mouchoir de poche. En d’autres termes, on pourrait croire que la démocratie fonctionne, pour les intéressés, dans le pourcentage exact de leur présence dans la population. Cependant le poids d’une éventuelle force politique homosexuelle est difficile à mesurer. On peut constater que les hommes politiques homosexuels, déclarés ou non, ne militent pas de manière systématique pour certaines revendications des associations homosexuelles.
 
Le milieu politique reste en effet prudent dans son approche des questions de sociétés et ne s’y risque que ponctuellement et par des changements progressifs de législation  
  

homophobie religieuse

  • Position des Témoins de Jéhovah
Selon les Témoins de Jéhovah, l’homosexualité, tant masculine que féminine, est une pratique considérée comme moralement "mauvaise" et "contre-nature". Pratiquer des actes sexuels entre personnes de même sexe revient selon eux à se rabaisser au niveau de la bête et un fidèle qui s’y adonnerait risque l’excommunication s’il ne se repent pas[30]. Les Témoins de Jéhovah se basent sur des passages de la Bible tels que celui-ci :
 
 « Lorsqu’un homme couche avec un mâle comme on couche avec une femme, tous deux ont fait une chose détestable. Ils doivent absolument être mis à mort. Leur sang est sur eux. »
 
— Lévitique 20:13
 
Ce passage biblique étant issue de la loi mosaïque, les Témoins de Jéhovah le considérent comme un principe qui indique le point de vue de Dieu en rapport avec l’homosexualité. Ils n’estiment pas devoir appliquer à la lettre la loi transmise au peuple d’Israel. Cependant, ils considèrent les propos de l’apôtre Paul :
 
« 9 Comment ! Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu ? Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs, […] ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des hommes, […] n’hériteront du royaume de Dieu. Et pourtant c’est là ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été déclarés justes au nom de notre Seigneur Jésus Christ et avec l’esprit de notre Dieu. »
 
— 1 Corinthiens 6:9-11
 
« 7 Pareillement Sodome et Gomorrhe et les villes d’alentour, après qu’elles eurent commis, de la même manière que ceux-là, la fornication avec excès et furent allées après la chair pour un usage contre nature, sont placées devant [nous] comme un exemple [qui est un avertissement] en subissant la punition judiciaire d’un feu éternel. »
 
— Jude 7
 
  • Les positions officielles de l’Église catholique
Le Catéchisme de l’Église catholique qualifie l’homosexualité de désordonnée et écrit que les actes d’homosexualité « ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ». La catéchisme ajoute que « (les homosexuels) doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste ».
 
Dans une lettre adressée en 1986 aux évêques de l’Église catholique romaine, le cardinal Ratzinger, aujourd’hui devenu pape sous le nom de Benoît XVI, décrivait l’homosexualité comme un « mal moral », « un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu ». Mgr Ratzinger recommandait qu’un « souci spécial devrait être porté sur les personnes de cette condition, de peur qu’ils soient menés à croire que l’activité homosexuelle est une option moralement acceptable ». Il concluait sa lettre en souhaitant que soit retiré « tout appui envers un organisme qui cherche à contredire ces enseignements ».
 
En juillet 1992, le Vatican envoie une lettre aux évêques américains signée par le cardinal Ratzinger, dans laquelle les discriminations envers les homosexuels sont justifiées dans certains domaines : le droit à l’adoption, les homosexuels dans l’armée, l’homosexualité des enseignants. Ratzinger soutient que tenir compte de l’orientation sexuelle n’est pas « injuste ». Poursuivant le raisonnement, il n’hésite pas à affirmer qu’en demandant des droits, les gays et les lesbiennes encourageraient les violences homophobes. « Ni l’Église ni la société ne devraient être étonnées quand les réactions irrationnelles et violentes augmentent ».
 
En 2003, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dirigée par Joseph Ratzinger, publie des Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles dans lesquelles elle affirme « Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité ». Il rappelle que « le parlementaire catholique a le devoir moral de voter contre les projets de loi ». Dans le cas où la loi existerait déjà, il doit « s’opposer par les moyens qui lui sont possibles et faire connaître son désaccord ».
 
 
  • La Westboro Baptist Church
 Aux États-Unis, le révérend homophobe Fred Phelps a créé un groupe activiste religieux qui compte une centaine de membres, la Westboro Baptist Church, fondée sur une théologie anti-homosexuelle et essentiellement composée de familiers de son créateur. Le groupe se singularise par des prises de position extrémistes concernant l’homosexualité et a créé le site internet God hates fags (« Dieu déteste les pédés ») reprenant le slogan de leurs manifestations. À la suite de l’assassinat du jeune homosexuel Matthew Shepard et du procès de ses auteurs, il propose l’érection d’une stèle qui porterait une photo du jeune gay assassiné avec l’inscription « Matthew Shepard est entré en enfer le 12 octobre 1998 pour avoir défié la loi de Dieu .»
 
Par ailleurs, consécutivement à l’assassinat du jeune homme une proposition de loi fédérale, le Matthew Shepard Act, envisage l’extension aux crimes motivés par l’orientation sexuelle des victimes dans la loi sur lescrimes haineux, extension refusée par les conservateurs, Georges Bush menaçant d’y opposer son veto. 
 

Les positions politiques à l’égard de l’homophobie

En France, en 2011 où les couples homosexuels ne peuvent être reconnus que par le Pacte civil de solidarité, les propos homophobes publics sont fréquents. En 1998, les débats sur le PACS à L’Assemblée nationale seront prétextes à certaines répliques : « Il n’y a qu’à les stériliser », « Ça tourne à la zoophilie ! ». D’une manière similaire,Emmanuel Hamel a, en séance de lecture au Sénat lors des discussions sur le PACS, déclaré, entre autres, que l’acronyme PACS signifiait « Pacte de contamination sidaïque ».

 
 
Le 31 janvier 1999, 100 000 personnes défilent à Paris contre le PACS ; à l’instigation de la députée UDF Christine Boutin, par le collectif "Génération Anti-PacS" composée d’organisations familiales et religieuses. C’est une des rares manifestations où l’on a pu voir pêle-mêle des hommes politiques de droite voire d’extrême-droite et des croyants de différentes confessions (catholique, juive, musulmane…) faire marche commune.
 
La célébration par Noël Mamère du premier mariage homosexuel français, le 5 juin 2004 à Bègles, a été suivie d’une vague d’expression d’homophobie notable ; Serge Simon a compilé dans son livre Homophobie 2004 France[ une sélection des plus de 4 000 lettres, photographies, dessins et affiches d’insultes, de menaces, et de haine reçus par Noël Mamère.
 
Le député UMP du Nord Christian Vanneste avait dit dans La Voix du Nord du 26 janvier 2005 que l’homosexualité était « une menace pour l’humanité », reprenant ainsi un élément de son intervention de décembre 2004 à l’Assemblée Nationale où il disait que « l’homosexualité était un comportement », et que « ce comportement était inférieur à l’hét&