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 d’ADHEOS

Si la France lutte contre l’homophobie dans les stades, l’Europe du football souffre de discriminations en tous genres et les réponses apportées par les quatre grands championnats du continent (Espagne, Angleterre, Allemagne et Italie) témoignent d’un niveau d’engagement disparate et sélectif.
  • Espagne
En Espagne, troisième pays au monde à avoir autorisé le mariage des homosexuels (2005), l’ouverture aux LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), la tolérance semble s’arrêter aux portes des stades.
 
En tribune, les insultes homophobes fusent sur l’adversaire indépendamment de son orientation sexuelle réelle ou supposée. Plusieurs générations de joueurs y ont eu droit, de l’ancien milieu espagnol Guti à l’ex-attaquant vedette du Real Madrid Cristiano Ronaldo, en passant par l’entraîneur catalan Pep Guardiola.
 
Dans son dernier rapport portant sur l’année 2017, le ministère espagnol de l’Intérieur a dénombré 77 "délits de haine" dans une enceinte sportive. Les actes visant les LGBT ne sont pas comptabilisés séparément.
 
Depuis 2016, la Ligue espagnole (LaLiga) édite un guide des "bonnes pratiques" recommandant la "tolérance zéro" envers les discriminations, avec une ligne directe pour dénoncer agressions et insultes.
 
LaLiga transmet aussi, chaque semaine, un rapport à la Commission disciplinaire de la fédération espagnole et à la Commission antiviolence (dépendant du secrétariat d’État au sport), qui retranscrit les insultes proférées dans les stades et suggère des sanctions. Des recommandations rarement suivies d’effet.
 
Enfin, des initiatives récentes ont connu des succès relatifs: en 2015, des joueurs ont lacé leurs crampons avec des cordons arc-en-ciel, symbole de la cause LGBT. Le Rayo Vallecano, club madrilène aujourd’hui en 2e division, a adopté un maillot barré d’une large bande arc-en-ciel. Et le club de première division d’Eibar a mis en vente un écusson aux couleurs arc-en-ciel à coudre sur son maillot.
  •  Angleterre 
En Angleterre, l’homophobie n’est pas perçue comme un problème dans les stades, au contraire du racisme contre lequel les autorités sont prêtes à sévir lourdement (jusqu’à l’interdiction de stade à vie).
 
Les structures Ultras, nombreuses en France, n’existent pas outre-Manche et les chants et banderoles préparés à l’avance sont peu fréquents. Le football britannique n’en reste pas moins très "macho". Une étude de l’association Kick It Out en 2018 montrait que les discriminations étaient en augmentation, en particulier les cas assimilables à de l’homophobie (+9% entre 2016-2017 et 2017-2018) pour un total de 111 incidents à caractère homophobe en 2017-2018.
 
Quant au voisin écossais, il offre une particularité : les chants injurieux à l’égard des autres religions dont ceux anticatholiques chantés par les fans protestants des Glasgow Rangers. Ils ont entraînés des sanctions de la part de l’UEFA (3.000 places à laisser vides lors du prochain match européen), mais pas de la part des autorités écossaises.
 
  • Allemagne
 
L’homophobie dans les stades en Allemagne n’est pas un sujet qui fait polémique. Ce sont les manifestations d’extrême-droite, voire néo-nazies, qui font réagir. La société allemande étant assez en avance sur la question de l’homosexualité, cet état d’esprit se reflète dans les stades.
 
L’ancien international Thomas Hitzlsperger, qui a fait son coming out et travaille comme consultant pour la TV publique, disait en début d’année: "les virages populaires ne sont définitivement pas un problème (…). Il y a eu beaucoup de progrès dans le sport professionnel en matière de discrimination, de préjugés et de tolérance. L’homosexualité n’est plus un tabou comme ça pouvait l’être il y a cinq ans."
Déclarer son homosexualité pour un joueur reste pour autant un tabou : personne ne le fait.
 
  • Italie
 
La question de l’homophobie est peu présente, du moins dans les tribunes. Les quelques cas sont plutôt hors-terrain, avec notamment Maurizio Sarri, suspendu pour deux matches de Coupe d’Italie après avoir qualifié Roberto Mancini (alors entraîneur de l’Inter) de ‘pédé’. "C’est sorti comme ça, j’aurais aussi bien pu le traiter de démocrate-chrétien", avait ensuite déclaré Sarri, nouvel entraîneur de la Juventus de Turin.
 
En 2012, l’ancien international Antonio Cassano avait dû présenter des excuses après avoir dit "Des homosexuels en sélection ? J’espère qu’il n’y en a pas, mais c’est leur problème".
 
L’Italie se débat en revanche avec un racisme omniprésent, comme l’a encore montré l’incident avec l’attaquant de l’Inter Romeu Lukaku à Cagliari, et la réaction surréaliste de ses propres supporters. Ils ont expliqué que les cris de singe n’étaient pas racistes.