Alors que le chef de gouvernement du Kenya a nié avoir appelé à l’arrestation des homosexuels, des médias ont retrouvé le son du discours qu’il a prononcé le 28 novembre, et l’ont posté sur internet.
Marche arrière, toute. Hier, le chef de gouvernement a désavoué son discours du 28 novembre à Nairobi, durant lequel il appelait à arrêter les gays et les lesbiennes pris «en pleine activité sexuelle» (lire article).
«Rien n’est plus éloigné de la vérité», a ainsi expliqué Raila Odinga jeudi, pendant l’ouverture d’une rencontre sur la Réconciliation et le dialogue national au Kenya. «Je n’ai pas dit ça. J’expliquais juste la propagande utilisée par certains qui faisaient campagne contre la nouvelle Constitution» largement adoptée par référendum début août, et qui interdit toute discrimination étatique des minorités et groupes marginalisés. Et d’ajouter: «Je comprends que les homosexuels ont des droits.»
Son discours homophobe diffusé sur internet
Alors, ses propos ont-ils vraiment été sortis de leur contexte? Selon de nombreux médias, il n’y a pas d’équivoque. L’AFP, la grande chaîne de télévision kényane NTV et Not Uhuru («non libre», en kiswahili), une organisation des droits de l’homme kényane qui suit de près les développements politiques locaux, en attestent. Cette dernière a même retrouvé et diffusé le son du discours d’Odinga: «A quel point ces hommes sont fous? Laisser toutes ces femmes et se contenter d’un homme… Nous avons dit que si nous trouvions un homme ayant une relation homosexuelle avec un autre homme, nous l’arrêterions et le ferions emprisonner», avait-t-il déclaré en langue kiswahili.
«Son discours était homophobe, haineux et ignoble», estime Idi, de Not Uhuru, interrogé par TÊTU. «Dès que nous avons obtenu le son de son discours, nous avons contacté la BBC, CNN, NPR et bien d’autres organisations pour mettre en lumière ce qu’il avait dit. Grâce à la pression et à la condamnation de beaucoup d’organisations des droits humains, monsieur Odinga a renié son discours et essaie depuis de l’expliquer autrement.» Et de conclure: «Raila Odinga est un populiste et, pour l’avoir suivi pendant cinq ans, je peux assurer qu’il peut dire et faire n’importe quoi – de violent ou pas – pour gagner des points sur le plan politique.»