Dimanche, le parti de Christine Boutin perdait son fief des Yvelines. Une défaite dont a profité GayLib pour demander à l’UMP de ne plus présenter de candidats estampillés Boutin. Retour sur une semaine de tensions et de noms d’oiseau dans la majorité
La guerre est déclarée entre GayLib, mouvement homo associé à l’UMP, et le Parti Chrétien Démocrate (PCD) de Christine Boutin. Tout a commencé dimanche, quand Jean-Frédéric Poisson, candidat PCD qui représentait l’UMP, a perdu la législative partielle de Rambouillet dans les Yvelines, et vu les Verts s’emparer du fief historique de Christine Boutin.
«Des valeurs qui ne sont plus en phase avec la société»
Aussitôt, GayLib a surfé sur cette défaite historique et dégainé un communiqué assassin. Le mouvement homo expliquait que ce «résultat démontre une fois de plus que les candidats portants des valeurs en contradiction avec la philosophie libérale qui a fondé l’UMP mènent notre famille politique à la défaite». Il estime que «le PCD est arc bouté sur des valeurs d’exclusion qui ne sont plus en phase avec la société française» et «appelle solennellement l’UMP à se ressaisir et ne plus soutenir des candidats prônant l’exclusion des familles homoparentales et la négation de l’homosexualité comme mode de vie digne et ayant toute sa place dans notre société.»
Emmanuel Blanc, président de GayLib, insiste et persifle: «Si même dans les Yvelines ils arrivent à perdre, imaginez s’ils se présentent ailleurs. Les candidats du PCD ne peuvent plus représenter l’UMP dans son ensemble.»
«Le libéralisme libertaire amène l’anarchie»
Immédiatement, les jeunes du PCD ont répliqué avec un communiqué musclé. Pour eux, la défaite de leur candidat est liée à «la division de la majorité» et aux affaires. Ils estiment que le ton de GayLib est «indigne d’un mouvement associé à la majorité», et invitent leur rival «à rejoindre Jean-Luc Roméro chez Jean-Paul Huchon». Maxence Poumaere, président des Jeunes du PCD, joue maintenant l’apaisement : «On ne veut pas que GayLib quitte l’UMP mais nous n’avons pas compris leurs attaques. C’est dommage de se diviser dans un moment de faiblesse pour la majorité. Nous, nous acceptons toujours de débattre, sans attaquer personne.» Et il déplore au passage que Christine Boutin soit si «souvent pointée du doigt.»
Puis il revient à ses fondamentaux et admet qu’il y a «une contradiction profonde» entre GayLib et le PCD. «La philosophie libérale invoquée par Gaylib n’est autre que le libéralisme libertaire qui amène à l’anarchie. Nous voulons protéger la famille et les droits des enfants. Nos valeurs ne sont pas d’un autre temps, au contraire, elles sont avant-gardistes», explique-t-il.
Christine Boutin avant-dernière
Pour lui, ce sont ses valeurs qui sont en phase avec celles de l’UMP et son parti est légitime pour représenter la majorité : «Nicolas Sarkozy a été élu en voulant liquider la philosophie libertaire soixantehuitarde. Il défend l’institution du mariage et n’a jamais promis d’accorder le droit au mariage ou à l’adoption pour les couples homosexuels. L’UMP n’acceptera jamais.»
Emmanuel Blanc reste persuadé que «la majorité est plus ouverte que ça» et conteste toute légitimité au PCD : «Ce parti ne représente que lui-même. C’est un lobby très actif mais son écho médiatique est disproportionné par rapport à son poids politique réel.» Et pour le prouver, il rappelle à l’envi la déroute de Christine Boutin à la présidentielle de 2002 : elle avait alors rassemblé 1,19% des voix et fini avant-dernière…