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 d’ADHEOS

L’agriculteur, figure emblématique de la saison 15 de « L’amour est dans le pré », explique à « 20 Minutes » pourquoi il a accepté de parrainer la première édition de Fiertés rurales qui se tiendra samedi à Chenevelles, un village de la Vienne.

  • Samedi, à Chenevelles, un village de quelque 450 habitants dans la Vienne, accueillera la première édition de Fiertés rurales pour célébrer les personnes LGBT+ vivant à la campagne et lutter contre les discriminations auxquelles elles font face.

Des drapeaux arc-en-ciel, un cortège de tracteurs et de charrettes rythmé par une fanfare… Samedi après-midi, Chenevelles (Vienne), commune de 454 âmes, verra défiler dans ses artères sa toute première Marche des fiertés. Les organisateurs l’ont baptisée Fiertés rurales et parlent aussi de Pride des campagnes. La journée, en grande partie festive, sera marquée par la signature d’une charte de l’inclusion avec l’Association des maires ruraux de France. Elle sera l’occasion de donner de la visibilité aux personnes LGBT vivant loin des villes et à leurs vécus spécifiques. Mathieu et son mari Alexandre, couple emblématique de la saison 15 de L’Amour est dans le pré, ont accepté « avec grand plaisir » d’être les parrains de cet événement organisé par Stop homophobie. Mathieu en dit davantage à 20 Minutes.

Pourquoi est-ce important pour vous d’être le parrain de Fiertés rurales ?

Quand je suis arrivé dans le monde agricole, ça a été très compliqué pour moi. J’ai dû démontrer deux fois plus que les autres que j’étais capable. J’ai entendu fréquemment des collègues dire : « Lui, c’est un pédé… » Et quand je les reprenais, ils me disaient : « Oh mais toi, c’est pas pareil Mathieu », comme si ça atténuait ou que c’était moins grave ou acceptable. C’est compliqué, à la campagne, le machisme est très présent. J’ai donc accepté d’être le parrain de l’événement pour réveiller ce monde agricole bien fermé à nos vies d’homosexuels. Le patriarcat demeure. L’homosexualité, c’est chez les autres, cela ne peut pas arriver chez eux.

Cette Pride des campagnes peut faire changer les choses ?

Il faut faire bouger les lignes. Il y a beaucoup d’homos dans l’agriculture, autant qu’ailleurs. L’agriculture, c’est une vocation. Ce n’est pas parce que tu es hétérosexuel que tu es agriculteur, c’est parce que l’agriculture te choisit. Je suis un peu à part parce que je suis un néo-éleveur, mais le plus souvent, les gens choisissent ce métier par passion.

Est-ce que les agriculteurs et agricultrices LGBT, qui généralement ne peuvent pas poser facilement de congés, peuvent se mobiliser ? Vous vous attendez à une forte affluence ?

On n’en sait rien, parce que c’est la première édition. Le maire du village est gay aussi et le préfet, je ne sais pas s’il est homosexuel, mais il est complètement favorable à l’événement. Il y a un engagement incroyable des pouvoirs publics. On a fait un reel sur Instagram avec Alexandre où on présente la journée et il a été vu plus d’un million de fois, alors que d’habitude nos vidéos font entre 50.000 et 300.000 vues. Il y a un engouement. Beaucoup de gens m’ont écrit, dont un grand nombre d’hétéros habitant les alentours, pour me dire « On viendra ». Ce sera donc une fierté pas qu’homosexuelle. C’est ça le but un peu aussi. Je pense qu’on aura beaucoup de gens du coin. Je sais qu’il y a un groupe Facebook de jeunes agriculteurs gays dont beaucoup vont se déplacer. On table sur une affluence de 500 à 1.000 personnes.

Depuis votre participation à « L’amour est dans le pré » il y a deux ans, vous avez l’impression que les choses changent pour les homos à la campagne ?

Il y a vraiment une étape de franchie. Beaucoup d’agriculteurs me contactent parce qu’ils se sentent un peu perdus. J’ai eu longuement au téléphone Alain, un agriculteur gay qui sera dans la prochaine saison​ de L’amour est dans le pré [lancée sur M6 le mois prochain]. Au début, il n’osait pas faire l’émission. Je lui ai dit : « Les gens de ton village savent que tu es homo, donc il faut que tu te lances, que tu donnes de la visibilité, qu’être homosexuel et agriculteur soit banal. » Il faudrait qu’on ne se dise plus, quand on regarde une émission comme L’amour est dans le pré, « Tiens, elle est lesbienne. Tiens, lui est gay ». C’est juste une situation normale : on fait partie de la société. Certes, à côté, il y a une croissance de l’homophobie, mais c’est comme ça à chaque fois qu’on avance dans le progrès social, dans l’acceptation, le fossé avec les extrémistes se creuse encore davantage. Nous, on continue à recevoir des menaces de mort.

C’est vrai ?

Bien sûr ! On en a eu une très forte en début d’année, lorsque l’on finissait notre séjour aux Antilles. On y a fait des interventions en milieu scolaire. Un compte Instagram aux 120.000 followers nous a menacé en story en disant : « Si vous venez dans la classe de mon fils, je vous tue. » On a porté plainte, évidemment. Aujourd’hui, la parole est décomplexée, les gens n’ont plus peur de menacer. Alors, on ne laisse pas passer. On va adopter une nouvelle stratégie avec SOS homophobie. Avant, on mettait en ligne les menaces pour montrer qu’elles existaient. Maintenant, quand on verra un message menaçant, on va screener [faire une capture d’écran] et on engagera les poursuites judiciaires. Il faut montrer aux autres que si tu dépasses les bornes, tu es puni.