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 d’ADHEOS

L’ONG Human Rights Watch a publié ce mardi un rapport détaillant les multiples discriminations que subissent les femmes membres de la communauté LGBTQI+ à travers le monde.

“Les femmes lesbiennes, bi ou trans sont confrontées à une immense violence, à des lois, à des politiques et à des pratiques discriminatoires qui ont un impact sur presque tous les aspects de leur vie, quand bien même les législations anti-sodomie ne criminalisent pas explicitement les relations homosexuelles féminines”, assure Erin Kilbribe, chercheuse auprès de Human Rights Watch (HRC). L’organisation a publié ce mardi 14 février un rapport saisissant intitulé Voilà pourquoi nous sommes devenues des activistes : violence contre les femmes lesbiennes, bisexuelles et queers et contre les personnes non-binaires. Sur la base de dizaines d’entretiens réalisés dans 26 pays* des cinq continents, la chercheuse pointe la mesure de la violence touchant les femmes de la communauté LGBTQI+ : mariages forcés, violations de droits de propriété, violences policières…

“Il n’y a pas de chemin vers la liberté si vous ne vous mariez pas avec un homme. À 18 ans, j’ai voulu quitter la maison, mais ma mère m’a dit que je ne la quitterais qu’avec un mari, ou après ma mort. J’ai donc dû me marier”, témoigne Liliya Ten, une militante kirghize. C’est une constante : sans homme, les femmes n’ont quasiment aucun droit dans de nombreux pays. “La pression à épouser un homme a eu un impact sur chaque femme et chaque personne non-binaire à qui j’ai parlé. Dans de nombreux pays, l’accès des femmes à la terre, à la propriété, à la survie financière, à l’accès aux traitements de fertilité ou à d’autres formes de soins dépend du fait d’avoir un mari”, rapporte la chercheuse.

Ainsi, au Liban, “une lesbienne de notre groupe essaie de trouver un homme gay à épouser afin de pouvoir acquérir son indépendance”, témoigne Nadia. Mais outre la question des droits, le mariage hétéro fait également peser sur ces lesbiennes le risque de perdre leur compagne. C’est ce qu’a vécu Amani, une activiste et autrice tunisienne que sa petite amie a quittée après que ses parents l’ont contrainte à épouser un homme. “Parce que je ne suis pas un homme, je ne suis pas une bonne partenaire pour la femme que j’aime”, regrette-t-elle.

Human Rights Watch demande des réformes politiques

Dans son rapport, Human Rights Watch a identifié dix domaines clés où les droits des femmes de la communauté LBTQI+ sont constamment menacés et pour lesquels l’ONG appelle à déployer des financements, à conduire des recherches et, pour les autorités, à mettre en œuvre des réformes politiques – notamment concernant le droit du travail. “De nombreuses lesbiennes ont des difficultés à trouver un emploi et, lorsqu’elles y parviennent, elles sont la cible de harcèlement et de violences”, note Andrea Rivas, avocate en Argentine.

Une difficulté qui pousse certaines femmes queers au travail du sexe, ce qui les rend alors vulnérables aux violences policières. “Faute d’autre choix, beaucoup d’entre nous deviennent travailleuses du sexe, et lorsque la police effectue des descentes dans les bordels, les lesbiennes jugées masculines se font traiter comme des hommes, c’est-à-dire qu’elles doivent s’agenouiller et retirer leur chemines avant de se voir passer les menottes brutalement”, rapporte Rosa, habitante du Salvador. “Celles qui ont l’air butch sont suspectes”, confirme Neelanga, également salvadorienne.

Dans l’espace public, les lesbiennes subissent d’autant plus de violences physiques et sexuelles qu’elles sont jugées masculines. “Si votre petite amie est harcelée dans un bar et que vous essayez de la protéger, vous vous faites frapper. La violence est immédiate. Pour les hommes, il s’agit de remettre les femmes queers à leur place”, rapporte Nadia, depuis le Liban. “La seule option pour ces femmes est de rester invisibles. Ainsi, soit vous continuez d’être niée dans votre identité, soit vous mettez votre vie et celle de votre compagne en danger”, souligne Olena Shevchenko, activiste lesbienne en Ukraine.

Les conséquences de la stigmatisation

La stigmatisation de ces femmes peut également conduire à une mauvaise prise en charge médicale. “Tout récemment, une personne de notre communauté a attrapé une méningite après avoir été violée. Elle avait peur, n’avait pas de ressources et ne voulait pas parler de la façon dont elle avait contracté la maladie. Elle a acheté des analgésiques de base et ne s’est pas fait soigner. Elle en est morte. Je connais trois personnes qui sont mortes de cette manière”, note Tamara, lesbienne intersexe au Malawi.

Face à ces constats, Human Rights Watch alerte. “Les autorités doivent réformer les systèmes de contrôle patriarcaux, notamment les lois relatives à la tutelle masculine, et les lois de discriminations d’accès à la propriété ou à l’héritage. Malgré la nature généralisée des abus, les recherches existantes sur les droits de ces femmes et sur la violence à leur encontre sont étonnamment rares”, conclut Erin Kilbride.

 

SOURCE : tetu.com